L’usage du monde au Théâtre de Poche de Montparnasse

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Un voyage inoubliable !

 

Quitter sa Suisse natale et partir au bout du monde en 1953, dans une vieille Fiat Topolino et avec quelques économies en poche permettant à peine de vivre trois mois : telle est la gageure de Nicolas Bouvier. À l’époque, il avait acquis une brève expérience de reporter, ayant été envoyé pour deux missions, en Finlande puis dans le Sahara algérien. Mais à 24 ans, ce désir fou de voyager et de découvrir l’Asie était déjà inscrit dans son ADN.

L’Usage du Monde est le récit poétique écrit par Nicolas Bouvier durant son odyssée, qui l’a mené de Genève à Belgrade, jusqu’à Kaboul. Pendant 18 mois, accompagné de son ami peintre Thierry Vernet, ils sillonnent les Balkans, la Turquie, l’Iran et le Pakistan. Ils découvrent de multiples paysages, côtoient des cultures différentes et partagent le quotidien des hommes et des femmes rencontrés au cours de ce périple. Une folle escapade bien loin du lac Léman !

De cette aventure, Nicolas Bouvier publie, en 1963 et à compte d’auteur, L’Usage du Monde. Le succès n’est pas immédiat, et durant de longues années, Bouvier reste inconnu du grand public et du milieu littéraire.

Actuellement, le Théâtre de Poche Montparnasse présente L’Usage du Monde dans une mise en scène remarquable de Catherine Schaub. Dans le rôle de ce voyageur lyrique, l’excellent comédien Samuel Labarthe, ex-pensionnaire de la Comédie-Française, acteur très prisé aussi bien au cinéma qu’à la télévision. Samuel Labarthe a également participé à l’adaptation de cette œuvre avec Anne Rotenberg et Gérald Stehr.

Nous embarquons ainsi dans la Topolino rafistolée par Nicolas Bouvier et rejoignons son ami Thierry Vernet, illustrateur et peintre, à Belgrade. Tout au long de ce récit, des vidéos illustrent les dessins de Vernet, consacrés aux hommes et aux paysages des pays traversés. Lors d’une interview, Nicolas Bouvier déclarait : « L’homme est inscrit dans une réalité géographique. » Une phrase qui résonne avec les œuvres de Stevenson, Jack London ou encore Sylvain Tesson.

Cette littérature de voyage est à la fois visuelle et auditive, car les cultures, les traditions, et la musique varient et s’expriment pleinement selon les peuples. En suivant ce récit de voyage initiatique, effectué il y a 70 ans, nous réalisons que les conditions matérielles de ces jeunes gens étaient extrêmement précaires : une voiture constamment en panne, des petits boulots trouvés au jour le jour pour subvenir à leurs besoins élémentaires, des problèmes de santé soignés avec les moyens du bord.

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Vernant ses dessins et peintures pour l’un, donnant des cours de français pour l’autre, ces deux jeunes explorateurs parviennent malgré tout à traverser et séjourner dans des pays qui, aujourd’hui, demeurent inaccessibles ou hautement périlleux pour les voyageurs. L’Usage du Monde est un récit de voyage en duo, mêlant poésie et lyrisme, porté par une soif de liberté et de partage avec les hommes et femmes croisés en chemin. Une volonté farouche d’atteindre, quoi qu’il en coûte, leur but : Kaboul.

Une fois leur projet réalisé, chacun reprend sa route. Nicolas poursuit son chemin jusqu’en Inde, avant de retrouver, de longs mois plus tard, Thierry Vernet, désormais marié et installé à Ceylan. C’est dans ce pays que Nicolas Bouvier s’établit pour plusieurs mois, où il écrit Le Poisson-Scorpion.

Enfant, Nicolas Bouvier était un rêveur, passionné par les récits de Jules Verne, et portait en lui ce goût du voyage. Cette adaptation théâtrale nous donne le plaisir immense de partager les états d’âme de ce grand rêveur : ses joies, ses souffrances et son quotidien. Pendant 1h10, nous sommes transportés au rythme de la capricieuse Topolino, sous un soleil de plomb, aux prises avec les mouches d’Asie, le sel qui brûle les yeux, ou la fièvre de la malaria qui vous terrasse…

« On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait ou vous défait », écrivait Nicolas Bouvier.

60 représentations exceptionnelles de ce voyage initiatique raconté par la voix chaude de Samuel Labarthe vous attendent au Théâtre de Poche Montparnasse jusqu’au 17 novembre 2024.

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