L’invention de nos vies au théâtre Rive Gauche

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Fidèle au roman !

 

En 2013, 4 finalistes au Prix Goncourt, dont Karine Tuil avec son roman, «L’invention de nos vies ».

Comme à son habitude  l’auteure s’attaque de front aux maux de notre société́ : racisme , antisémitisme, harcèlement sexuel…

Son style littéraire est particulièrement riche, l’écriture souvent heurtée. Johanna Boyé accompagnée de Leslie Benahem ont adapté́ pour le théâtre, le roman volumineux de Karine Tuil : « L’Invention de nos vies ».

La pièce est actuellement présentée au Théâtre Rive Gauche

Johanna Boyé fait partie de la nouvelle vague de metteuse en scène. Dernièrement, on lui doit la mise en scène de « Je ne cours pas, mais je vole », « La Dame de chez Maxims »… Johanna Boyé respecte le rythme hypertonique du roman.

L’action se déroule entre New-York et Paris, souvent entre deux avions. De très nombreux personnages se croisent et s’entrecroisent, jusqu’au jour où le passé vient chambouler le présent !

Excepté Valentin de Carbonnières, personnage clé de la pièce, les 6 autres comédiens campent plusieurs rôles avec brio, dans des registres totalement opposés.

Sam Tahar vient de fêter ses 40 ans, avocat brillant, très en vue au barreau New Yorkais. Venu aux États-Unis après ses études de droit en France dont il a fini avec les honneurs.

Sam Tahar a très vite compris que du fait de sa condition : Arabe, musulman, banlieusard du mauvais coté́ du périph et fils d’une femme de ménage… Il n’a pas vraiment tiré les bonnes cartes et donc estime-t-il, aucune chance de réussir sa vie professionnelle.

photo tous droits réservés Fabienne Rappeneau. Toute utilisation, diffusion interdite sans autorisation de l'auteur.

Suspens palpitant très bien interprétée

 

Le seul moyen à ses yeux :Changer de vie, changer d’identité́.

Il part ainsi aux États-Unis, intègre un célèbre cabinet juridique, dirigé par un ténor français du barreau et d’origine juive.

Voilà le secret : Oublier ses origines, sa culture, sa religion et devenir aux yeux de la bonne société́ américaine un célèbre avocat issu de la communauté́ juive. Désormais Samir Tahar, usurpe l’identité́ de son meilleur ami juif, écrivain raté, resté en France dans cette banlieue sans avenir et devient alors : Samuel Tahar, juif, orphelin, puisqu’il faut jouer le jeu jusqu’au bout !

La supercherie, atteint son apogée, Sam porte la Kippa, fait un beau mariage et devient le gendre d’une riche famille juive fidèle aux traditions hébraïques.

S’inventer une vie n’est pas chose aisée car tout est bâti sur le mensonge et cet exercice de grand écart est dangereux à long terme.

Sa mère, restée en France dans le même quartier, sait que son fils fait une belle carrière aux US mais ignore tout de sa nouvelle existence, une seule chose compte pour elle : Le bonheur de Samir sa réussite et être un bon musulman !

Cette dernière vit avec son second fils François, né sur le tard et dont le père, homme de pouvoir ne l’a jamais reconnu. Adolescent, mal dans sa peau, le prénom de « François » est pour lui un véritable fardeau, il aurait préfèré s’appeler Mohamed ou Ahmed. Déscolarisé́ c’est une petite frappe.

Tout se passe le mieux du monde pour Sam, il a même retrouvé à Paris, lors d’un saut d’avion, son premier amour, Nina qui vit avec son vieux copain le fameux Samuel.

Après lui avoir volé́ son identité́, il lui dérobe également sa compagne dont il est fou amoureux et installe cette dernière aux US dans un super appartement près de Central Park.

Usurper l’identité́ d’un autre est un pari bien fou, mais c’est oublier un peu vite l’existence de ce demi frère.

Sa venue impromptue en Amérique va engendrer un véritable séisme.

Équilibriste de haut vol, voilà̀ un rôle parfaitement assumé par Valentin de Carbonnières Molière de la révélation masculine en 2019. Excellent dans « Nina », « Dans le vent des branches de Sassafras » et génial dans « le Portrait de Dorian Gray ».

Tous les autres comédiens : Mathieu Alexandre, Yannis Baraban, Nassima Benchicou, Brigitte Guedj, Kevin Rouxel et Elisabeth Ventura sont également très brillants. Passer de la culture juive à la culture arabe en un temps record exige beaucoup de talent !

L’auteure issue d’une famille juive tunisienne, a su insuffler dans son roman, l’atmosphère des fêtes juives, les chants, les danses, l’esprit communautaire.

Cette pièce pose de très nombreux problèmes majeurs existentiels. Celui de l’identité́ avec tous les paramètres sociaux, culturels, religieux… Le sens à donner à sa vie.

Comment construire son existence ?

Malgré́ le climat politico – social actuel, la mise en scène est audacieuse.

Le terrorisme islamiste est responsable de la descente aux enfers de Sam. Lorsque Kevin Rouxel (François), vêtu d’une djellaba, le point levé́ hurle sur scène : « Allah Akbar », cette phrase résonne avec effroi au plus profond de nous-même.

Johanna Boyé ose malgré l’antisémitisme ambiant insister sur les rites communautaires juives.  Viol, agressions sexuelles sont également des thèmes évoqués sans tabou. Cette pièce est d’une richesse incroyable et d’une audace folle avec un ton très cash. Elle mérite vraiment toute notre admiration.

La supercherie, l’imposture, les faux semblants n’ont qu’un temps, un jour ou l’autre la vérité́ éclate.

Selon un proverbe juif : « Avec le mensonge, on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir ».

Allez découvrir cette création au Théâtre Rive Gauche, vous serez scotchés par la richesse de « L’invention de nos vies ».

A voir absolument.

Extrait vidéo

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