Coups de coeur

Dernières notes au Studio Hébertot

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Captivant !

 

Le 24 décembre 1944, sa femme Macha est partie à la messe de minuit donnée à la basilique de Vézelay. Lui, préfère passer la veillée de Noël seul dans le salon, au milieu de ses livres et de son cher piano. Ce septuagénaire n’est autre que Romain Rolland, grand intellectuel de ce début du 20e siècle, aimé et aussi tellement décrié.

L’auteur de « Dernières notes », Michel Mollard, a déjà écrit de nombreux ouvrages sur la musique, dont « Le clavier bien tempéré » et « Ni Lang Lang, ni Glenn Gould ». Il a également réalisé un film sur « Les Variations Goldberg ». Michel Mollard a en commun avec Romain Rolland l’amour de la musique.

Cette pièce, « Dernières notes », actuellement sur la scène du Studio Hébertot, met à l’honneur la littérature, la philosophie et Beethoven. « A quoi se résume la vie ? A quelques notes. 2 notes: Sol, Do, et un accord, tout simple », telle est la définition de l’existence selon Romain Rolland.

La mise en scène de François Michonneau est sobre : un vieux fauteuil en cuir, une petite table sur laquelle sont posés des livres chers à l’auteur et du courrier. Une lampe de chevet crée une ambiance très intimiste, changeant d’intensité au cours de la pièce. Et puis, un immense piano à queue.

Guilhem Fabre, comédien et concertiste émérite, descend lentement sur la scène par un long escalier. En cette fin d’année 1944, Romain Rolland est malade, il ne lui reste en fait que quelques jours à vivre. Cette veillée de Noël est l’occasion de faire le point sur sa vie. Alors commence un long monologue dont nous sommes les témoins privilégiés.

Il évoque son prix Nobel de Littérature en 1915, ses prises de positions politiques durant la Première Guerre mondiale en tant que grand pacifiste. Son départ forcé pour la Suisse et son long exil dans ce pays neutre. Il nous livre en toute intimité son amitié avec Paul Claudel, ses velléités de le convertir au catholicisme, et son échec cuisant à ce sujet. Il conclut : « Qu’un intellectuel n’est pas fait pour la politique, un idéaliste encore moins. Il en sera toujours la dupe ou la victime. »

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Il évoque ses amitiés avec Tolstoï, Gogol, son admiration pour Gandhi. Puis il prend connaissance des courriers posés près de ses livres, notamment une lettre d’un certain Fritzmann, en poste à la Kommandantur, qui s’exprime ainsi : « Ce que l’on croit, on doit le défendre. » Ainsi, même un ennemi en temps de guerre peut être une belle âme.

Au-dessus de tout, la musique, seul moyen de communion entre les hommes. Commence alors l’Acte 2 de la pièce, et Guilhem Fabre se met au clavier pour interpréter avec une virtuosité déconcertante une version endiablée de l’ultime sonate de Beethoven : l’Opus 111. Nous vivons alors un moment « hors du temps », une sorte d’état de grâce que le public éprouve rarement. Guilhem Fabre est vraiment un concertiste de grand talent et en même temps, il est également un comédien convaincant, dégageant une très grande émotion.

« Dernières notes » est une véritable pépite. Parmi toutes les créations de cette rentrée, la pièce écrite par Michel Mollard est un petit bijou. Merci pour ce grand moment de théâtre où la musique tient une place de choix.

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