De la servitude volontaire au Théâtre Essaïon

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Magistrale !

 

Lorsqu’en 1548, Étienne de La Boétie écrit « Discours sur la servitude volontaire », il n’a que 18 ans ! Une telle maturité surprend, tant le sujet traité est grave et profond.

Grand admirateur d’Érasme et proche de Montaigne, La Boétie lègue à ce dernier, par testament, sa bibliothèque et l’ensemble de ses papiers. Nous avons tous en mémoire la célèbre phrase de Montaigne à son égard :

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi. »

Poète, humaniste et juriste, La Boétie choisit sciemment un oxymore pour intituler son essai humaniste et philosophique à connotation politique : accepter volontairement de ne pas être libre.

Texte subversif par excellence, rédigé à l’origine en latin avant d’être traduit en français et publié plusieurs années après la mort de son auteur, le « Discours sur la servitude volontaire » demeure d’une actualité frappante.

En l’adaptant pour le théâtre, LM Formentin nous fait traverser des siècles d’autocratie et de tyrannie jusqu’à notre époque : le XXIe siècle !

Ô miracle ! Ce réquisitoire contre la tyrannie n’a pas pris une ride. Les autocrates et tyrans de tout genre sont toujours omniprésents et même en progression !

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Jean-Paul Farré, comédien aux multiples talents, énumère quelques noms de dirigeants ayant asservi des populations entières. Peu importe l’âge, la condition sociale ou le niveau intellectuel, les hommes acceptent – et continuent d’accepter – d’abandonner sans révolte leur droit pourtant fondamental : la liberté. Cette soumission en toute connaissance de cause devient, en quelque sorte, une seconde nature.

Mais comment en arrive-t-on à une telle servitude ?

Sans doute par peur, par confort, par paresse ou par cupidité… La tyrannie ne se limite pas au domaine politique ; la religion, combinée à la politique, n’est pas en reste. À titre d’exemple, on peut citer la nuit de la Saint-Barthélemy.

Pour instaurer cette soumission « de plein gré », il convient d’établir une structure pyramidale fondée sur le contrôle. L’analyse psychologique de La Boétie met en lumière cette disposition presque spontanée de l’homme à obéir aux mécanismes de la servitude sociale. D’autres penseurs du XVIIIe siècle, tels que Voltaire, Rousseau ou encore La Fontaine, n’auront de cesse de revenir sur ce droit à la liberté.

Passant de la redingote au costume moderne, le comédien illustre le fait que, si la mode vestimentaire évolue et que les générations se succèdent, les atteintes aux libertés fondamentales restent, elles, d’actualité.

Jacques Connort, en charge de la scénographie, a placé en fond de scène une toile-miroir permettant au comédien d’interpeller le public : nous sommes tous concernés !

À 18 ans, La Boétie pouvait-il imaginer que son texte traverserait les siècles et serait encore joué au théâtre avec une résonance intacte ?

Lorsqu’il écrit :

« Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres »,

c’est un véritable appel à la désobéissance civile !

Grâce à l’adaptation de LM Formentin, cette œuvre perdure. Interprété avec tout le talent de Jean-Paul Farré, magnifique comédien, ce spectacle est à découvrir au Théâtre Essaïon, pour les petits et les grands.

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