Voyage au bout de la nuit

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Artiste : 

Franck Desmedt

A l’affiche :

Jusqu’au 1 juin 2019

Lieu :

Théâtre Tristan Bernard

64, rue du Rocher

75008 PARIS

Réservation en ligne
Réservation en ligne
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Par Nathaly pour Carré Or TV

Performance d’acteur

 

Le Théâtre Tristan Bernard propose actuellement « Voyage au bout de la nuit » d’après le roman de Louis-Ferdinand Céline, ô combien célèbre !

Ecrit en 1932, il fut traduit dans le monde entier et demeure incontestablement un classique de la littérature française.

Franck Desmedt, auréolé par son Molière du Meilleur second rôle, dans la pièce d’Eric Emmanuel Schmidt
 « Adieu Monsieur Haffmann » en 2018, interprétant avec brio un haut dignitaire nazi, Otto Abetz, personnage inquiétant et cynique à souhait .

Dans « Voyage au bout de la nuit », cet immense comédien assure également la mise en scène.

Il interprète le narrateur : Ferdinand dit Bardamu (narrateur mû par son barda) et assure ainsi ce long monologue.

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Durant 1h10, il nous emmène dans une course absolument folle !
Des champs de bataille de la première guerre mondiale, à l’Afrique colonialiste puis à New York, pour finir ce long voyage dans une banlieue parisienne : La Garenne Rancy !

Compte tenu de la richesse du texte, nous ne pouvons que féliciter Philippe del Socorro
pour son adaptation.
Imaginons un instant, l’analyse fastidieuse de l’adaptateur pour sélectionner les extraits de ce roman hors normes !

Les décors sont sobres pour laisser plus d’espace aux mots de Céline. Les jeux de lumières parfaitement maitrisés.
L’obscurité dans la descente aux enfers, expression de la bassesse humaine. Lumière plus intense quand Ferdinand revient en surface, survit.

La pièce est rythmée par une musique de fond variant au gré de ce périple qui semble sans fin.

Assis sur une poubelle , Franck Desmedt avec la diction parfaite qui le caractérise donne une force incroyable au style littéraire parlé argotique de l’homme de la rue, toujours très imagé.

A la fois poignant et drôle, ce comédien se livre à une véritable performance physique, son débit est rapide et nous entraîne dans un tourbillon où nous sommes littéralement aspirés.
Les mots sont puissants et nous font mordre la poussière, les quelques silences nous inquiètent. La noirceur de l’âme humaine nous éclabousse en plein visage.

Ferdinand est jeune, fougueux, innocent, jusqu’à l’instant où le piège se referme sur lui
 « On était fait comme des rats ». Il découvre alors l’horreur, la puanteur des champs de bataille et l’absurdité de la guerre, du patriotisme et l’horreur de l’humanité dans son ensemble.
Cet abattoir international en folie.

Son seul espoir pour échapper à la mort !

La lâcheté, la fuite, l’errance.
Préférant passer pour aliéner pour pouvoir s’enfuir loin, toujours plus loin pensant ainsi éviter les pièges tendus par les hommes.

« Dans le fond, il n’y a que la bravoure qui est louche. »

L’auteur n’en demeure pas moins médecin et dénonce comme Freud les névroses de la guerre mais avec des accents anarchistes, voir nihilistes.

Pensant se refaire aux colonies, il se rend compte qu’il doit encore et toujours partir plus loin.

Abandonner la fournaise poussiéreuse de l’Afrique, ses petits administrateurs français. Ce purgatoire pour européens sans destinée !

Bardamu est un anti héros
Titillé par cette conscience (Robinson) qui le taraude et lui fait des clins d’yeux à chaque époque de sa vie :
 « Le voyage c’est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillon. »

New York !
Mais son rêve américain s’effrite très vite,
 « Dieu du dollar et des bordels ». « L’existence, ça vous tord et ça vous écrase la face. »

Alors, après ces années d’errance, Ferdinand revient en France, termine ses études et s’installe comme médecin, le voyage touche à sa fin. Durant cette dernière partie de la pièce, assis de profil sur la poubelle, Franck Desmedt ressemble à s’y méprendre à Louis-Ferdinand Céline.

Vous ne ressortirez pas indemnes de cette pièce, agissant tel un électrochoc !
Vous aurez senti la pourriture, touché la bassesse des hommes et la noirceur de l’humanité.

En ce XXIème siècle «Voyage au bout de la nuit » ‘opère toujours la même alchimie. Franck Desmedt est vraiment exceptionnel. Il nous fait vivre un grand moment de théâtre et nous ne pouvons que l’en remercier.

3 plusieurs commentaires

  1. Les grandes déceptions sur l’humanité appréhendées au cours du parcours de vie de Ferdinand Bardamu. Franck Desmedt est vraiment bon dans le personnage, très belle performance.

  2. Quelle prestation de Franck Desmedt ! On est dedans du début à la fin ! Un grand bravo

  3. Ce roman de Céline est porté par un acteur qui incarne à la perfection le personnage. C’est un belle rencontre avec Céline avec un acteur de qualité.

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