Freud et la femme de chambre au Théâtre de Montparnasse

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Délicieux !

 

C’est la toute première pièce de théâtre écrite par Leonardo de la Fuente, bien connu en tant que producteur de films. Le personnage de Freud a toujours interpellé les auteurs. Qui était vraiment l’homme qui a sondé toutes ces âmes durant des décennies ? Celui qui était capable d’interpréter les rêves de ses patients et de décrypter l’origine de leurs troubles existentiels.

Éric-Emmanuel Schmitt, dans « Le Visiteur », a également placé Freud au centre même de la pièce, situant l’action à Vienne durant la montée du nazisme, soit presque 20 ans après la pièce de Leonardo de la Fuente. L’auteur a choisi l’année 1923 avec la montée du fascisme en Italie et les violences perpétrées par les squadristes à Rome et dans tout le pays. L’auteur sait combien Rome fascine Freud. Grand amateur d’art, il aime venir se ressourcer et trouver le repos dans cet hôtel luxueux, suite au décès de l’une de ses filles et de son petit-fils préféré. Accablé par le chagrin, ce septuagénaire souffre également de la mâchoire. Ce mal ne cessera de s’aggraver, souffrant en réalité d’une tumeur cancéreuse de la mâchoire. Sensibilisé par le texte, Alain Sachs, que l’on ne présente plus, a accepté d’assurer la mise en scène de la pièce. Le décor est particulièrement soigné : l’action se déroule dans la chambre d’un palace romain.

Le choix du comédien devant interpréter Freud s’est très vite imposé : François Berléand. Une barbe plus fournie, des lunettes cerclées, rondes, et nous avons la réincarnation même du père de la psychanalyse. Il fallait aussi une jeune femme de chambre pétillante et c’est Nassima Bénichou qui fut choisie après de nombreuses auditions de candidates ! Deux personnages que tout oppose, différence de milieux sociaux, de cultures, et puis toutes ces années qui les séparent, presque un demi-siècle !

Freud vient à Rome pour se reposer et demande à la réception de l’hôtel qu’il ne soit pas dérangé le lendemain matin avant 11 ou 12 heures, car pour une fois, il souhaite faire la grasse matinée ! Mais Marie, femme de chambre, veut à tout prix rencontrer le grand Docteur Freud, qu’elle a vu alors qu’elle n’était qu’une jeune enfant accompagnant alors sa mère femme de chambre comme elle. Aujourd’hui, cette dernière est décédée, mais elle lui a tellement parlé des miracles du Dr Freud ! Faisant fi des consignes, elle pénètre discrètement à 9h30 dans la chambre numéro 30, celle que réserve systématiquement le Docteur, et ouvre grand les rideaux feignant la surprise et réveillant en sursaut son occupant.

Dès lors, la conversation va débuter entre Freud et cette jeune femme de chambre. Vêtu de son pyjama, le bon Docteur Freud va peu à peu se dérider et un dialogue criblé de quiproquos va s’instaurer. Marie prend au premier degré les propos de Freud, persuadée que ce dernier travaille dans un cirque et est un grand hypnotiseur. Cette soubrette rêve d’être hypnotisée car Freud est pour elle aussi grand que Jésus Christ ! Aussi surprenant soit-il, Freud va tenter de lui expliquer très calmement la manière dont il soigne ses patients. Marie va entendre pour la toute première fois parler du conscient, du préconscient, de l’inconscient, de l’envie, de la pulsion… Très patiemment, il essaie de lui expliquer qu’il ne va pas l’hypnotiser.

Les remarques empreintes de naïveté mais non démunies de bon sens interpellent le septuagénaire. Il prend alors des notes sur son petit carnet, lui demande de s’étendre non pas sur le divan, mais sur le lit… Et puis soudain, la situation évolue, Marie a été en proie à des rêves prémonitoires. Décidément, le sujet devient de plus en plus intéressant. Freud va alors se livrer sur sa vie et, de manière insidieuse, pour la première fois de son existence, il va se faire psychanalyser par une toute jeune femme a priori inculte qui ignore tout de la psychanalyse ! L’émotion monte, l’homme qui s’allonge sur le lit n’est plus qu’un vieil homme malade, brisé par le chagrin. Le sachant vient de changer de camp !

François Berléand est tout à fait convaincant dans le rôle du grand mythe de la psychanalyse. Quant à Nassima Benichou, jeune comédienne, absolument épatante, pleine d’énergie, pétillante à souhait. Un tandem qui fonctionne à merveille dans « Freud et la femme de chambre ».

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