Thierry Frémont éblouit dans Le Repas des Fauves

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une pièce d’exception, des acteurs formidables !

 

C’est en voyant le film de Christian-Jaque en 1964 que Julien Sibre a eu l’idée d’adapter Le Repas des Fauves pour le théâtre. Il a obtenu l’accord de l’auteur Vahé Katcha, grand scénariste de nombreux films tels que 2 heures à tuer, À cœur joie, et La mort d’un Juif.

La pièce fut montée au Théâtre Michel dès 2010, puis au Palais-Royal, où elle reçut un accueil très chaleureux du public. En 2011, elle remporta trois Molières. Depuis, elle ne cesse d’être jouée à Paris et dans toute la France. Cette année encore, Thierry Frémont est nominé dans la catégorie « Meilleur comédien ».

Chaque soir, pendant deux heures, Le Repas des Fauves est acclamée par le public au Théâtre Hébertot avec toujours le même engouement. Julien Sibre assure la mise en scène, assisté de Cyril Drouin, à l’origine des projections des vidéos en noir et blanc, rappelant le film Persépolis. Ces vidéos permettent incontestablement de recréer l’atmosphère angoissante de l’occupation allemande.

En 1942, malgré la période peu propice aux réjouissances, Sophie et son mari Victor organisent une soirée pour fêter l’anniversaire de cette dernière. Les festivités se déroulent dans leur appartement, au-dessus de la librairie exploitée par Victor. Chacun apporte à l’heureuse élue de modestes cadeaux, car la France est rationnée. Avec l’occupation allemande, chacun se débrouille comme il peut. La grande majorité souffre, cependant le marché noir va bon train. Certains Français se montrent très coopérants avec les Allemands.

C’est le cas d’André, un collaborateur, qui débarque avec une quantité incroyable de bouteilles de champagne, de chocolats, de saucissons, de cigarettes, et de bas de soie… Enfin, tout ce dont la plupart des Français sont privés. On festoie, on écoute de la musique, la fête bat son plein, mais on attend toujours le dernier convive : Max, qui se fait attendre !

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Soudain, des coups de feu retentissent dans la rue. Des soldats SS viennent d’être abattus juste sur le trottoir devant la librairie de Victor ! Surtout, ne pas ouvrir les fenêtres, ne pas bouger, chacun retient son souffle. Très vite, des bruits de bottes retentissent dans l’escalier et le Commandant Kaubach fait irruption au milieu des convives. Il exige deux otages par appartement dans l’immeuble où le meurtre des deux soldats SS s’est perpétré.

« À vous de désigner deux d’entre vous. Le choix vous appartient, vous avez deux heures pour décider. »

Victor connaît le Commandant Kaubach, un client habituel de sa boutique, un homme érudit. Il essaie de calmer le jeu en lui proposant une édition très ancienne d’un ouvrage excessivement rare. Peut-être sera-t-il sensible à ce geste et lèvera-t-il les représailles. Le soldat SS descend dans la cave avec ce livre rare pour en prendre connaissance, mais rappelle néanmoins qu’ils ont deux heures pour lui livrer deux d’entre eux comme otages.

Finis les agapes et la rigolade, l’instant est grave. Aucun des six : quatre hommes et deux femmes, n’a envie de perdre la vie. L’atmosphère est sous haute tension. Chacun, dans son coin et surtout dans sa tête, cherche à sauver sa peau et tente de trouver une solution. Il est urgent de se souvenir de toutes les connaissances permettant de les sortir de cette situation. Véritable guerre des nerfs.

Chacun tente de trouver le bon stratagème pour s’en tirer. Et très vite, la devise devient : chacun pour soi ! L’instinct de survie est tellement fort que l’amitié n’est plus qu’un vague souvenir. Plus d’égard pour le sexe dit faible, pour l’homosexuel de service, ou pour l’infirme. Avoir perdu la vue lors de la Première Guerre mondiale ne doit pas être un privilège ; il peut être un otage comme un autre ! Bien au contraire, la vie avec un tel handicap n’a plus vraiment de sens ! Plus le temps passe, plus on tombe dans l’abject. Nous descendons dans les profondeurs de la bassesse de l’âme humaine.

Face à ce drame psychologique, chacun d’entre nous est interpellé : l’homme est faible, lâche et face à la mort, il est capable des pires trahisons. Durant deux heures, les comédiens, mais aussi les spectateurs, vivent sous haute tension car le compte à rebours est déclenché et le temps passe à toute vitesse !

Le Repas des Fauves restera un classique, son thème est malheureusement intemporel. Bravo à tous ces magnifiques comédiens et à Thierry Frémont, parfait manipulateur, qui mérite d’être récompensé aux prochains Molières. Un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte.

Extrait vidéo

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