Coups de coeur

Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute
au Théâtre Le 13ème Art

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une belle surprise !

 

Denise Chalem, comédienne et metteuse en scène, vient d’écrire pour le théâtre : « Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute », une pièce sur l’amitié de deux hommes aux antipodes, qui apprécient discuter ensemble de sujets graves ou légers autour d’un bon vin.

Pierre, interprété par Ibrahim Maalouf, musicien et jeune père de famille vivant à Paris, se retrouve confronté à des difficultés pour répéter dans son petit appartement, le voisinage n’étant pas toujours disposé à tolérer le son de sa trompette à des heures indues ! C’est ainsi que son vieil ami algérien, Zireg, l’invite dans sa maison d’enfance au bord de la mer, où règne le calme, et où Pierre peut s’adonner à son art sans perturber qui que ce soit.

Autour d’un piano-bar très particulier, les deux hommes se retrouvent avec plaisir et échangent jusqu’au bout de la nuit. Mais comment peuvent-ils déguster d’aussi bons vins dans un pays où l’alcool est interdit ? Eh bien, un grand nombre de pieds de vignes ont été arrachés et remplacés par des cultures de blé sous le gouvernement Boumédienne. Néanmoins, comme le souligne Zireg avec perspicacité, « Les Algériens ont des ressources, c’est le pays de la débrouille et du mensonge ».

Denise Chalem s’est inspirée des chroniques de Kamel Daoud publiées chaque semaine dans Le Point pour écrire « Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute ». Elle a également eu recours au talent de l’excellent comédien Thibault de Montalembert, métamorphosé en écrivain algérien pour l’occasion.

Zireg est un auteur engagé, préférant rester en Algérie plutôt que de dénoncer le régime dictatorial de son pays confortablement installé à l’étranger. Il dénonce avec courage le sort subi par les femmes de son pays, exposant les conséquences néfastes du régime politique religieux qui cherche avant tout à façonner des croyants plutôt que des citoyens.

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Sarah Jane Sauvegrain, comédienne, incarne le troisième personnage de la pièce, symbolisant la Femme Algérienne moderne, affirmant sa féminité et dénonçant les contraintes vestimentaires telles que l’abaya et le voile, qui entravent sa liberté.

La mise en scène remarquable de Denise Chalem, accompagnée de vidéos captivantes, nous plonge au cœur de ce magnifique pays qu’est l’Algérie. Toutes les conversations entre le jeune musicien et son vieil ami de l’autre côté de la Méditerranée ont lieu autour de ce piano-bar, favorisant des échanges profonds et sincères.

La pièce aborde également la pandémie mondiale et le confinement, montrant comment les échanges entre les deux amis se font désormais via internet. Zireg envoie à Pierre des images évocatrices de son pays natal, telles que la Gare routière d’Oran, témoin de la coexistence des trois religions monothéistes.

« Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute » est une pièce d’une grande intensité, dotée d’un texte puissant qui interpelle. Elle dénonce clairement les excès des régimes islamistes et les atteintes à la liberté sous toutes ses formes.

Le duo d’acteurs, De Montalembert et Maalouf, offre une performance remarquable sur la scène du 13ème Art. Ibrahim Maalouf, malgré la modestie dont il fait preuve, a accepté de participer à cette expérience théâtrale engagée, où les mots résonnent aussi fort que les notes de sa célèbre trompette. Cependant, il convient de souligner que la pièce doit beaucoup à Thibault de Montalembert, excellent dans son rôle d’écrivain, bien éloigné de son rôle dans la série « 10 % ».

Extrait vidéo

Un commentaire

  1. Merci pour la critique. J’ajouterais une correction : il ne s’agit pas d’un duo d’acteurs mais d’un trio. Je trouve aussi un peu injuste que sur la publicité de la pièce, sur la photo, l’actrice n’est pas présente. Rester dehors son pays, et denoncer un régime dictatorial n’est pas nécessairement confortable ni désengagé.

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