Coups de coeur

Eurydice au Théâtre de Poche de Montparnasse

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une pièce poignante !

 

Philippe Tesson avait une immense admiration pour Jean Anouilh. Son vœu de voir une pièce de l’un de ses auteurs préférés montée dans son propre Théâtre vient d’être réalisé par sa fille. « Eurydice » est actuellement à l’affiche du Théâtre de Poche Montparnasse, avec la mise en scène d’Emmanuel Gaury.

Cette pièce, montée pour la première fois en 1942 au Théâtre de l’Atelier, n’a pas pris une ride. L’adaptation des grands mythes, tels qu’Orphée et Eurydice, conserve toujours cette atmosphère à la fois poétique, évoquant l’Amour, mais également les mensonges et les trahisons. Le blanc et le noir sont en contraste, tandis qu’Anouilh nous transporte du monde des vivants à cet au-delà toujours plein de mystères.

Le thème de la mort est omniprésent, et finalement, cette dernière apparaît assez douce en contraste avec le monde des vivants, particulièrement laid. L’amour inconditionnel et la pureté des sentiments d’Orphée contrastent avec les sentiments des autres personnages de la pièce.

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Emmanuel Gaury et Gaspard Cuillé interprètent en alternance le rôle d’Orphée, avec une performance émouvante. Violonniste, gagnant chichement sa vie, Orphée joue en Provence aux terrasses des cafés accompagné de son père, un harpiste médiocre joué par Patrick Bethbeder. Bérénice Boccara incarne une Eurydice très convaincante.

Le récit débute par un coup de foudre réciproque au buffet d’une gare, suivi de serments de fidélité après une première nuit d’amour torride. Cependant, au matin, Eurydice quitte subitement la chambre d’hôtel sous prétexte de faire des courses, laissant Orphée crédule, ignorant qu’elle a en réalité pris la fuite. Le rêve d’Orphée et d’Eurydice de s’aimer pour la vie n’est qu’un leurre.

Monsieur Henri, interprété par Benjamin Romieux, est un personnage inquiétant, toujours vêtu d’un long imperméable, apparaissant de manière impromptue. Il est en fait le grand chef d’orchestre, connaissant l’avenir et annonçant la mort, notamment le suicide du petit régisseur amoureux d’Eurydice et la mort de cette dernière.

Jean Anouilh a eu le génie de raccrocher au mythe antique la descente aux enfers d’Eurydice. Mais qui est vraiment Eurydice ? A-t-elle été sincère en se donnant à Orphée ? Pourquoi autant de mensonges ? Eurydice est avant tout une femme libre de sa vie et de ses sentiments. La vérité apparaît toutefois dure et déroutante pour Orphée.

Cette nouvelle mise en scène d’ »Eurydice » réalisée par Emmanuel Gaury montre combien cette pièce de Jean Anouilh demeure d’actualité, plus de quatre-vingts ans après la première mise en scène de Barsacq au Théâtre de l’Atelier. Les sept comédiens de cette pièce, dont Bérénice Boccara, Gaspard Cuillé, Corinne Zarzavatdjian, Gérôme Godgrand, Patrick Bethbeder, Benjamin Romieux et Victor O’Byrne, donnent un nouveau souffle à cette pièce d’Anouilh qui reste un grand classique de cet auteur de grand talent.

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