Coups de coeur

Les travailleurs de la mer au Théâtre Lucernaire

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Poignant, percutant et émouvant !

 

Clémentine Niewdanski et Elya Birman ont adapté pour le théâtre  »Les Travailleurs de la Mer » de Victor Hugo. Alors qu’il est en exil à Guernesey, Victor Hugo fait publier ce roman en 1866 sous forme d’un feuilleton pour l’Hebdo français  »Le Soleil ». Véritable Ode à la Mer et aussi Dédicace à cette île et à ses habitants auxquels il est attaché, Hugo s’exprime ainsi :  »Asile actuel et Tombeau probable ».

Seul en scène, Elya Birman a non seulement participé à l’écriture de l’adaptation de ce volumineux roman, mais prête également son talent de comédien pour interpréter : Gilliatt, le personnage central et également le narrateur. Gilliatt vit seul sur l’île, il ne parle pas, il passe, on ne l’aime pas. Il ne va pas à la chapelle, sort la nuit et de plus les filles de l’île le trouvent laid !

Surnommé Gilliatt le Malin, il est mis en quarantaine. Personne n’a remarqué sa dextérité pour grimper, nager. C’est un homme de LA MER. Elya Birman est absolument incroyable dans son interprétation et transmet toute l’émotion de ce personnage hors du commun.

Sur scène, un bateau :  »La Durande », imaginée par Estelle Gautier. Conception originale : 2 escabeaux, planches de bois, ventilateur, bidon. C’est le 1er bateau à vapeur de l’île de Guernesey. Son propriétaire Lethierry en est très fier et déclare avoir 2 amours dans sa vie : La Durande et sa nièce : Déruchette.

Or le capitaine de son bateau est animé de mauvaises intentions et veut faire échouer la Durande sur  »l’écueil des Hanois », puis pense s’enfuir à la nage avec l’argent confié par Lethierry. Mais le mauvais temps et la brume sur la Manche vont changer ses plans et le bateau échoue entre 2 rochers de  »l’écueil Douvres ».

Il faut absolument récupérer le moteur révolutionnaire de la Durande et celui qui arrivera à cet exploit épousera sa nièce : Deruchette, cette dernière est d’accord. Gilliatt, pêcheur, rêveur, solitaire est fou d’amour pour Déruchette depuis qu’un jour de Noël, elle a écrit dans la neige son nom : GILLIATT.

Les années ont passé, mais il demeure profondément amoureux, il n’ose lui parler, ni même croiser son regard, mais lorsqu’il passe devant la maison de Derochette, il écoute l’air de  »Bonny Dundee » que la jeune fille joue au piano. Alors lui aussi joue cet air sur son bag-pipe, mais Derochette ne comprend pas le message.

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Sans hésiter Gilliatt relève le défi : Sauver la machine de la Durande car cette dernière ne semble pas endommagée. Lethierry son propriétaire n’a plus les finances pour refaire faire une telle machine, sans compter que le constructeur n’est plus de ce monde !

Le temps est compté pour sauver cette belle mécanique. Seul, face aux éléments déchaînés de l’océan, de la pieuvre géante, Gilliatt va livrer un véritable combat, mettant sa vie en danger à chaque instant, mais fou d’amour, il va au-delà de ses limites et réussit à hisser le moteur sur sa chaloupe, mais avant il a remonté pièce après pièce ce trésor de technologie car Gilliatt est marin et forgeron.

La Durande peut sombrer, il a gagné son pari. Désormais, il ne pense qu’à une seule chose : Épouser Deruchette. Il revient sur l’île amaigri, fiévreux, hideux, sa barbe et ses cheveux sont très longs, sa peau couverte de plaies d’écorchures, de pustules, de tumeurs occasionnées par cette épouvantable pieuvre.

Déruchette défaille à la vue de ce fantôme des mers, cette dernière est désormais amoureuse d’un jeune pasteur Ebenezer et souhaite l’épouser.  »Les travailleurs de la Mer » est un roman d’amour, d’amours contrariés s’inscrivant dans la tendance romantique de cette fin du 19ème siècle.  »La conscience a une logique, le sort en a une autre ».

Le roman de V Hugo est un hymne à l’amour, à la solitude, à la différence. Gilliatt est avant tout une belle âme, capable de mettre sa vie en danger pour celle qu’il aime en secret et capable de quitter ce monde aussi discrètement qu’il a vécu avec l’aide de la Mer.

Hugo a dédié son livre au rocher d’hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer à l’île de Guernesey. Un spectacle touchant où l’on se laisse emporter par le talent et l’exceptionnelle énergie d’Elya Birman.

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