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Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Sylvain Tesson : un félin des cathédrales !
La passion de Sylvain Tesson pour l’escalade des parois et des flèches des cathédrales et églises qui parsèment notre beau pays n’est plus un secret pour personne. Lui et ses amis, à peine sortis de l’enfance, étaient littéralement fascinés par la verticalité. Ils ont ainsi admiré, du sommet de ces édifices religieux, les villes endormies de Reims, Amiens, Senlis, Saint-Quentin, Meaux, le Mont-Saint-Michel, Strasbourg, Rouen, Chartres… et bien sûr Paris, avec ses églises emblématiques : Saint-Germain-des-Prés, Saint-Bernard, Saint-Ambroise, Sainte-Clotilde, sans oublier l’incontournable Notre-Dame.
Atteints de stégophilie – un néologisme signifiant l’amour des toitures – Sylvain Tesson et ses compagnons grimpeurs avaient trouvé dans ces ascensions bien plus qu’un défi sportif : une quête d’émerveillement et de sens.
Le Théâtre de Poche Montparnasse, véritable écrin de l’âme de la famille Tesson, propose cette fin d’année des soirées d’exception. Les textes de ce « Prince Chat », comme on surnomme Sylvain Tesson, y sont lus par des comédiens de talent tels que Samuel Labarthe, François Marthouret, Claude Aufaure ou Christophe Barbier.
Entre souvenirs et récits, l’amour de Notre-Dame
Sylvain Tesson, dans un rôle d’enseignant poète, introduit ces lectures, partageant des fragments de sa vie et de son lien intime avec Notre-Dame de Paris, avant de laisser place aux comédiens. De cette mise en scène sobre, émergent les souvenirs vibrants de ce poète du XXIᵉ siècle et de sa relation avec cet édifice millénaire.
- 2005 : escaladeur passionné des monuments gothiques, admiratif de Fulcanelli.
- 2015 : une année sombre marquée par la disparition de sa mère et une chute terrible qui le laisse cloué au lit. Notre-Dame devient alors sa « dame du bon secours », grâce à ses 450 marches, gravies avec souffrance chaque jour pour retrouver des forces.
- 15 avril 2019 : l’impensable survient. Notre-Dame en flammes devient la « Reine de douleur », sa célèbre flèche signée Viollet-le-Duc s’effondrant sous les yeux du monde.
Dans un texte vibrant, Sylvain Tesson rappelle : « Elle ne s’est pas effondrée, elle s’est soustraite au carnaval. » Grâce au courage héroïque des pompiers et à l’incroyable savoir-faire des artisans, Notre-Dame renaît aujourd’hui de ses cendres : Reine de victoire.
Un hommage sincère et captivant !
Dans l’intimité de la petite salle du Théâtre de Poche, le public est suspendu aux mots, aux images, et à la voix des comédiens. Quelques panneaux évoquent les piliers de Notre-Dame, une gargouille semble nous narguer, et une Vierge confectionnée de chiffons blancs veille en silence. Des projections vidéo discrètes enrichissent encore cette atmosphère unique.
À travers les récits de Tesson, nous découvrons les détails invisibles des cathédrales : ces sculptures oubliées, ces frises délicates, ce « mikado de châtaigniers » formant la jungle de la charpente. Avec lui, nous gravissons les marches, le vertige en moins, et nous partageons sa résilience :
« Cinq mois plus tôt, j’étais tombé sur mon ombre. Mon corps était déchu, je le montais vers le ciel pour le fortifier. »
L’incendie de 2019 est revisité avec une intensité bouleversante, mêlant témoignages poignants des pompiers et réflexions spirituelles. Comme le dit le général Gallet : « La cathédrale n’appelait pas au secours mais à l’aide. »
Notre-Dame : un symbole intemporel
En cette fin d’année 2024, après cinq années de restauration, Notre-Dame de Paris est prête à accueillir à nouveau fidèles, visiteurs, et rêveurs. Cette renaissance est l’aboutissement d’un effort collectif, fruit du savoir-faire des artisans d’hier et d’aujourd’hui.
Sylvain Tesson conclut avec ces mots :
« Puisse le sourire de la Bonne Vierge continuer à veiller sur les hommes, qu’ils croient en elle ou non. »
Une soirée exceptionnelle, intime et bouleversante, à ne manquer sous aucun prétexte.