Mémoires d’Hadrien au Théâtre de Poche

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une pièce qui redonne vie à l’Empereur !

 

Renaud Meyer adapte pour le théâtre l’œuvre magistrale de Marguerite Yourcenar : Mémoires d’Hadrien

Marguerite Yourcenar a porté en elle ce récit historique et philosophique de l’Empereur Hadrien pendant de très longues années. Avant de rédiger ce chef-d’œuvre, elle a consulté tout ce qui avait été écrit sur Hadrien. L’écriture du livre a débuté dans les années 1920, mais fut mise de côté avant d’être finalement achevée et publiée en 1951. À sa grande surprise, l’ouvrage a rencontré un immense succès, en France comme à l’étranger, comme elle l’avoua lors d’un entretien avec Bernard Pivot.

Renaud Meyer a su rester fidèle à l’esprit de cette œuvre monumentale en l’adaptant pour le théâtre. La mise en scène, signée Marguerite Danguy des Déserts, connue pour son rôle inoubliable d’Ariel dans La Tempête de Shakespeare au Théâtre de Poche, propose une scénographie épurée et respectueuse du texte. Sur scène, on découvre quelques vestiges évoquant la colonne Trajane, un petit bassin, des armes telles qu’un galea et une armure de centurion romain, ainsi qu’une longue étoffe symbolisant les conquêtes de l’Empire romain, qui se transforme en paludamentum impérial.

Les éclairages, confiés à Jean-Pascal Pracht, apportent une atmosphère sublime. Le moment où le visage d’Hadrien se reflète dans le bassin est particulièrement saisissant.

Pour incarner ce grand empereur philosophe, Jean-Paul Bordes a été choisi, et c’est un choix brillant. Avant même de monter sur scène, l’acteur apparaît parmi les spectateurs, vêtu d’une simple toge grecque. Il traverse la salle tel un spectre venu des profondeurs de l’Histoire, déjà habité par son personnage. Pendant une heure et quart, il nous emmène dans les derniers instants de la vie d’Hadrien, désigné successeur par l’empereur Trajan peu avant sa mort.

Contrairement à Trajan, empereur guerrier, Hadrien est un souverain pacifiste, désireux de stabiliser l’Empire et de mettre un terme aux conquêtes incessantes. Bien qu’il porte la couronne de laurier, symbole du pouvoir impérial, il conserve une simplicité qui suscite tour à tour railleries et admiration. Homme d’arts et de lettres, il se passionne pour la poésie et la philosophie, affirmant : « Je ne suis pas sûr que la découverte de l’amour soit nécessairement plus délicieuse que celle de la poésie. »

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Hadrien, fasciné par l’astrologie depuis l’enfance, a toujours cru à la prophétie de son grand-père, qui voyait en lui un destin exceptionnel. Né en Espagne, il a parcouru la Grèce à plusieurs reprises, et son amour pour ce pays reste intact, même à 62 ans, à l’aube de sa mort.

Dans cette adaptation, Hadrien se confie à son jeune neveu, Marc Aurèle, alors âgé de 17 ans, lui offrant une véritable leçon de vie et un testament philosophique. Il évoque ses souvenirs de jeunesse, son mariage sans éclat, ses nombreuses maîtresses, mais surtout Antinoüs, le jeune homme qu’il a passionnément aimé et dont la mort tragique le laisse inconsolable.

Jean-Paul Bordes livre une interprétation magistrale, empreinte de sincérité et de profondeur. Sa prestation bouleversante rend hommage à la grandeur d’Hadrien, cet homme à la fois empereur et philosophe, qui nous parle à travers les siècles avec des mots puissants et intemporels : « Tâchons d’entrer dans la mort, les yeux ouverts. »

Cette adaptation est une invitation à lire ou relire Mémoires d’Hadrien et à se plonger dans les réflexions d’un homme en quête de sagesse et d’immortalité. Une pièce à voir absolument au Théâtre de Poche.

Un coup de cœur théâtral.

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