Les Collectionnistes au Théâtre de Montparnasse

Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une comédie brillante

sur la naissance de l’Impressionnisme !

Aimer collectionner est une passion partagée par beaucoup d’entre nous. Cela nous intègre à la vaste confrérie des collectionneurs. Cependant, le terme « collectionniste » possède une connotation plus ou moins pathologique, évoquant un besoin irrationnel d’accumuler.

Pour l’épouse de Paul Durand-Ruel, ce dernier souffre précisément de collectionnisme ! Il entasse des « croûtes » d’illustres inconnus qui ne respectent aucune règle académique : ni les proportions d’un corps, ni la clarté des paysages représentés, sans parler des couleurs jugées improbables.

Une plongée dans l’histoire de l’art avec François Barluet

François Barluet, auteur passionné d’art et de peinture, s’intéresse ici à l’histoire d’un des plus grands collectionneurs et marchands d’art de la fin du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle : Paul Durand-Ruel.

Après avoir d’abord collectionné les peintures de l’école de Barbizon, en achetant des œuvres de Jean-Baptiste Corot, Charles-François Daubigny ou encore Jean-François Millet, Paul Durand-Ruel découvre un mouvement artistique audacieux et avant-gardiste : l’impressionnisme.

À l’époque, ces artistes sont critiqués et rejetés par les cercles académiques. Les toiles de Manet, par exemple, comme Déjeuner sur l’herbe (1863) et La Toilette (1870), sont refusées au prestigieux Salon. Face à cette hostilité, ces peintres décident d’exposer leurs œuvres au Salon des Refusés.

Paul Durand-Ruel ne se laisse pas influencer par les critiques ou les moqueries. Il défie l’opinion publique en collectionnant et exposant des toiles de Renoir, Pissarro, Manet ou encore Sisley. Les œuvres suscitent un tollé ; seuls quelques visionnaires, tels Zola et Astruc, reconnaissent leur génie.

Une comédie légère et émouvante

Avec Les Collectionnistes, François Barluet choisit un ton léger et humoristique pour raconter cette aventure artistique. La pièce, mise en scène au Petit Montparnasse, réunit une distribution talentueuse : Christelle Reboul, inoubliable dans Nos chers voisins, incarne Eva, l’épouse de Paul, avec charme et dynamisme. Christophe de Mareuil prête ses traits au rôle du célèbre collectionneur. À leurs côtés, Frédéric Imberty et Victor Bouricault complètent la distribution.

L’intrigue se déroule dans l’intimité du salon des Durand-Ruel. Eva, exaspérée par les achats compulsifs de son mari, tente de lui faire entendre raison. La famille traverse de graves difficultés financières : les tableaux entassés dans le salon, qu’un journaliste a ironiquement qualifiés « d’impressionnistes », sont perçus comme choquants et inachevés. « Il manque même des doigts ! », s’indigne Eva.

Grâce à une vidéoprojection, des chefs-d’œuvre de Monet, Renoir et Boudin défilent sous les yeux du public, illustrant la vision audacieuse de Paul Durand-Ruel. Malgré les désaccords, Eva finit par trouver des solutions ingénieuses pour sauver temporairement la famille de la faillite, tout en faisant chambre à part pour marquer son désaccord.

Une mise en scène soignée

Le décor du salon des Durand-Ruel et les costumes, notamment les sublimes robes à crinoline portées par Christelle Reboul, plongent les spectateurs dans l’époque. Cette comédie brillante, rythmée par l’humour et les émotions, offre également une initiation vivante à l’histoire de l’impressionnisme.

Paul Durand-Ruel, collectionneur passionné et visionnaire, croyait fermement que ce nouveau style artistique, fondé sur la captation de l’instant, des variations lumineuses et de la peinture en plein air, finirait par émouvoir les foules. Le temps lui donna raison : il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands marchands d’art de tous les temps.

À ne pas manquer

Courez voir Les Collectionnistes au Petit Montparnasse, une comédie aussi instructive que divertissante !

« Indociles » est un spectacle particulier, unique, avec un ton et un éblouissement sans nul autre pareil.

Un coup de cœur théâtral.