Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Un bon moment de partage !
Après « Judith prend racine au Poche », spectacle dans lequel étaient évoquées les grandes héroïnes chez Racine, Judith Magre retrouve son complice Olivier Barrot pour un nouveau duo dans « Judith Magre dit Baudelaire ».
Cette immense comédienne se souvient avoir lu en secret, dans sa prime enfance, Les Fleurs du Mal. Mais qu’avait-elle compris ou aimé du haut de ses 7 ans ? Les années ont passé, et après une carrière riche au cinéma et au théâtre, Judith Magre a eu envie de partager son amour pour Baudelaire. Elle nous offre, sur la scène du Théâtre de Poche, un spectacle où la poésie est mise à l’honneur.
Au programme : 19 poèmes tirés des Fleurs du Mal, entrecoupés de récits « historiques » retraçant la vie tumultueuse de Baudelaire, racontés par Olivier Barrot.
Baudelaire, Victor Hugo et Arthur Rimbaud figurent parmi les plus grands poètes du XIXe siècle. Si Hugo eut la chance d’être reconnu et honoré de son vivant, Baudelaire, lui, subit l’opprobre. Ses vers, souvent subversifs, heurtaient la moralité et les mœurs de son époque.
Dandy vivant bien au-dessus de ses moyens, Baudelaire dilapida en quelques mois l’héritage de son père avant d’être placé sous tutelle. Pendant vingt ans, il partagea sa vie avec une prostituée de couleur, Jeanne Duval, qui l’inspira profondément. D’autres femmes, souvent de « petite vertu », jouèrent également un rôle dans son œuvre. À ces muses, il dédia de nombreux poèmes, dont certains sont présents dans ce spectacle : Parfum exotique, Remords posthumes, Les Yeux de Berthe, Allégorie ou encore Les Deux bonnes sœurs.
Pourtant, Les Fleurs du Mal valurent à leur auteur une condamnation pour offense à la morale religieuse et outrage aux bonnes mœurs. Bien que soutenu par des contemporains tels que Théophile Gautier (à qui il dédia son recueil), Flaubert, Victor Hugo et Barbey d’Aurevilly, Baudelaire demeura incompris de la société de son temps.
Sa vie fut marquée par les excès : amoureux des plaisirs clandestins, dépendant au laudanum pour soulager ses maux de tête, il fut également rongé par la syphilis. Affaibli, il finit par sombrer dans l’hémiplégie et l’aphasie, répétant inlassablement « Cré nom » jusqu’à sa mort à l’âge de 46 ans.
Dans ses poèmes, Baudelaire explore l’inconscient avant Freud, hanté par la mort et cherchant l’oubli dans le vin, les plaisirs et l’imaginaire. Dans Les Chats, il compare ce félin à la femme qui l’aime. Dans Recueillement, il invite au silence :
« Entends, ma chère, entends la douce nuit qui marche. »
Aujourd’hui, Baudelaire est célébré comme l’un des plus grands poètes français. Judith Magre, avec sa voix envoûtante, sublime ses vers. Olivier Barrot, de son côté, éclaire la vie de cet artiste maudit et génial.
Ne manquez pas ce spectacle au Théâtre de Poche. Laissez-vous emporter par la magie des mots baudelairiens et apprenez à redécouvrir ce poète immortel.