Gargantua au Théâtre de Poche de Montparnasse

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une belle performance théâtrale !

 

Quelques temps après Pantagruel, publié sous un pseudonyme, François Rabelais réitère avec un second roman intitulé Gargantua.

Il va sans dire que ces romans, écrits par un médecin et de surcroît bénédictin, ne sont pas du goût de l’Église, et encore moins de la royauté. Aussi, ces ouvrages jugés licencieux sont-ils rapidement mis à l’index.

L’œuvre littéraire de François Rabelais connut plusieurs siècles d’obscurantisme avant d’être redécouverte et mise à l’honneur quatre siècles plus tard !

Bien qu’il ne soit toujours pas aisé de lire Gargantua dans son jus, les traductions actuelles permettent d’apprécier et de réhabiliter cet homme de lettres.

Pierre-Olivier Mornas a lui aussi été séduit par cet ecclésiastique, à la fois anticlérical et chrétien, mais également grand humaniste, en adaptant Gargantua pour le théâtre.

Certes, le style rabelaisien, jugé indécent au XVIᵉ siècle, demeure encore aujourd’hui assez gaillard. Mais en même temps, il apporte une grande bouffée de bonne humeur et suscite beaucoup de rires. N’est-ce pas là la meilleure thérapie proposée par un médecin ?

Seul en scène, Pierre-Olivier Mornas interprète avec brio cet illustre géant ainsi que tout son entourage.
La mise en scène d’Anne Bourgeois est sobre : le comédien évolue dans une sorte d’échoppe, jonchée de piles de livres et d’objets hétéroclites, sans oublier un tableau noir d’écolier.

Tel un enseignant, Pierre-Olivier Mornas est aussi narrateur. Il inscrit sur ce tableau, en numéraire, les records en tout genre de Gargantua.

L’excès et l’invraisemblance sont de mise. La démesure est telle que nous basculons dans une forme de science-fiction, aussi surprenant que cela puisse paraître.

Et toujours cet air enjoué, cette joie de vivre qui transparaît sur le visage du comédien…

Rabelais voulait avant tout faire oublier à ses lecteurs les rudesses de l’existence en les amusant. L’essentiel : jouir de la vie et surtout RIRE.

« Parce que le rire est le propre de l’homme, vivez joyeux ! »

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Il faut reconnaître que ce moment de théâtre nous fait le plus grand bien.

L’adaptation insiste sur la relation entre Grandgousier et son fils Gargantua, ce père souhaitant offrir à son géant de fils une éducation d’excellence, non pas à la manière d’Aristote, mais selon les principes de Platon, Homère ou encore Sénèque. Et pour ce faire, Ponocratès est l’homme de la situation : exercice de l’esprit et du corps, sans oublier la musique et la pratique instrumentale.

À l’âge adulte, fort de cette éducation, Gargantua devient un chef de guerre éclairé, courageux, mais aussi tolérant à l’égard de Picrochole, son ennemi. Ce géant est un véritable humaniste, à la manière d’Érasme.

Incroyable conteur, Pierre-Olivier Mornas possède en plus un vrai talent de mime. Il rayonne de joie de vivre et nous fait savourer la substantifique moelle de cette œuvre.

Son énergie communicative nous donne envie de lire ou de relire Gargantua.

Le message rabelaisien demeure, aujourd’hui encore, d’une étonnante actualité :
« Mieux vaut de rire que de larmes, parce que rire est le propre de l’homme. »

À découvrir au Théâtre de Poche Montparnasse, tous les lundis soirs à 21h.

Extrait vidéo

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