
Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Drôle, billant, intelligent…
Après Montaigne et Chateaubriand, Hervé Briaux adapte pour le Théâtre de Poche le grand romancier Alexandre Dumas.
Comme à son habitude, nous le retrouvons sur scène, incarnant cette fois Dumas lui-même, et en charmante compagnie : Emmanuelle Goizé, comédienne et soprano colorature, lui donne la réplique.
Vêtu d’un grand tablier de cuisinier, après une soirée un peu trop arrosée et une nuit très courte, Dumas nous dévoile sa recette pour écrire un roman. Cela paraît assez simple, à condition, bien évidemment, d’avoir avant tout : une idée, une histoire, une intrigue…
Cette dernière mûrit en soi, infuse lentement durant plusieurs mois, parfois plus, puis un jour, c’est l’éclosion. Il est alors temps de se mettre au travail. Comme en cuisine, si l’on possède tous les ingrédients, on peut réaliser un bon roman.
Alexandre Dumas a été l’un de nos plus grands romanciers historiques. Il a fait rêver des générations entières et a fourni au théâtre et au cinéma des œuvres dont on ne se lasse pas. Souvenez-vous : Les Trois Mousquetaires, Le Chevalier de Maison-Rouge, La Reine Margot, Le Comte de Monte-Cristo…
Publiés initialement sous forme de romans-feuilletons, dont il fut l’un des précurseurs, Dumas n’a jamais cessé d’écrire, véritable bourreau de travail.
C’était un homme jovial, entouré de nombreux amis : Victor Hugo, Alfred de Vigny, Eugène Delacroix… Bon vivant, amateur de bonne chère et de bons vins, il avait le goût de la fête et un amour jamais assouvi pour la gent féminine. À ce portrait s’ajoute une immense générosité : il dépensait sans compter, ce qui lui valut de nombreux déboires financiers et l’obligea à écrire sans répit.
Hervé Briaux incarne un Dumas d’un âge mûr, au moment où son propre fils, prénommé lui aussi Alexandre, remporte un vif succès avec La Dame aux Camélias. Ses souvenirs ressurgissent, et avec eux, les fantômes du passé.
Derrière une toile en fond de scène, des ombres du temps jadis, incarnées par Emmanuelle Goizé, surgissent. Certaines passent l’écran et viennent converser avec le romancier, comme sa mère, qui le sermonne encore, comme s’il était un enfant.

Nous sommes également bercés par la très belle voix d’Emmanuelle Goizé, interprétant des chansons du XIXᵉ siècle : La Parisienne, Le Duo des chats…
De magnifiques panneaux entourent la scène du Théâtre de Poche, représentant les célèbres personnages d’Alexandre Dumas. Ce décor a été réalisé par la talentueuse Marguerite Danguy des Déserts, artiste, peintre, metteuse en scène et comédienne.
Il est certain que Philippe Tesson aurait aimé voir, dans sa petite salle, un Dumas évoluant dans son intimité, entouré de ses héros de romans et accompagné en chansons.
Une nouvelle pièce à découvrir, dédiée à un auteur dont l’œuvre demeure immortelle, bien que l’Académie française ne l’ait jamais admis en son sein.