
Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Une belle découverte !
Après L’Écume des jours de Boris Vian, la Compagnie “Les Joues Rouges”, à l’initiative de Claudie Russo-Pelosi, adapte et met en scène actuellement au théâtre du Lucernaire l’une des œuvres les plus célèbres de Maupassant : Bel-Ami, campé par Aurélien Raynal.
Né Georges Duroy, de condition modeste, fils d’aubergistes normands, le protagoniste est monté à Paris. Il y croise, près de l’Opéra, Forestier, un ancien camarade du 6ᵉ régiment des Hussards.
Forestier travaille désormais à La Vie Française, où il dirige le service de presse politique. Autrefois malingre, il est aujourd’hui bien en chair, “dans un costume d’homme posé”.
En quête d’un emploi mieux rémunéré que celui qu’il occupe aux bureaux du chemin de fer du Nord, Duroy se voit proposer par son ancien ami de tenter sa chance dans le journalisme.
Forestier l’invite donc à dîner chez lui le lendemain, en présence de personnes influentes susceptibles de l’aider à gravir les échelons.
Sans un sou, Duroy accepte avec gratitude qu’on lui prête de quoi louer un habit convenable pour l’occasion.
Ce premier palier franchi, Georges conquiert littéralement par son esprit le patron du journal… mais aussi sa femme, sa fille, et, de manière générale, toutes les dames qu’il croise.
La nature l’ayant gâté, il devient vite la coqueluche des salons parisiens, surnommé “Bel-Ami” par toutes ces femmes séduites.
Chacune de ces relations féminines l’aide à grimper peu à peu l’échelle sociale.
Même ses chroniques signées “Georges Duroy” sont, en réalité, dictées par Mme Forestier !
À la mort de son ami, il n’hésite pas un instant à épouser sa veuve, sans l’ombre d’un remords.
L’amour n’a rien à voir dans cette union : c’est un mariage de raison, où seuls les intérêts comptent.
Il trouve en Mme de Marelle une maîtresse d’exception. Et bien que leurs rapports soient marqués par des trahisons multiples, leur lien perdure à travers les aléas sentimentaux de Duroy.
Georges apprend vite à tirer profit de toutes les ficelles du métier pour gagner davantage d’argent et gagner en notoriété.
Les salles de rédaction de La Vie Française lui ouvrent les portes du monde politique, ses intrigues, ses alliances de coulisses, ses ministères éphémères.
Ses nombreuses liaisons mondaines font de lui un véritable bourreau des cœurs. Même Mme Walter, l’épouse bigote et peu séduisante de son patron, cède à son charme, malgré sa peur du péché.
Il est vrai que Georges sait toujours se montrer sous son meilleur jour pour mieux piéger ses proies.
Très vite, cette liaison lui pèse. Il tente en vain de s’en défaire.
Folle de lui, Mme Walter l’affuble de tous les petits surnoms les plus affectueux : “Mon rat”, “Mon chat”, “Mon trésor”… Elle s’accroche à lui telle une bernique à son rocher.
Éperdument amoureuse, elle finit par trahir son mari, révélant une conversation confidentielle entre ce dernier et le ministre des Affaires étrangères.

Désormais, Bel-Ami a parfaitement saisi les rouages de la société. Il gravit un à un les échelons, passant du journalisme au monde politique, accomplissant ainsi “un bond du portique de la Madeleine à celui du Palais-Bourbon”.
Maupassant brosse avec gourmandise le portrait d’un arriviste égoïste, prêt à toutes les vilenies pour atteindre le sommet, utilisant sans scrupule son charme auprès des femmes pour servir ses ambitions.
L’auteur dépeint avec ironie la société bourgeoise de la fin du XIXᵉ siècle, la collusion entre la presse et le pouvoir, et les compromissions entre certains agents de l’État et les milieux financiers.
Le ton reste léger, parfois même proche du vaudeville, fidèle au style de Maupassant.
La troupe des “Joues Rouges” excelle dans l’interprétation de ces personnages hauts en couleur.
La mise en scène est rythmée, vive, et respecte fidèlement l’esprit de l’œuvre.
Allez applaudir sans tarder cette troupe de jeunes comédiens exceptionnels !