Coups de coeur

Duc et Pioche au Théâtre de Poche de Montparnasse

duc et pioche

Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une pièce magistrale !

 

Quelques notes d’une sonate pour clavecin, le froissement d’une robe et nous voici dans le salon de Madame de la Fayette.

A ses côtés, son ami de toujours le Duc de la Rochefoucauld. Ces deux là sont inséparables et aiment se retrouver chaque jour pour échanger, parler de la Cour, de Port Royal, de leurs enfants…

Madame de la Fayette est née Marie Madeleine Pioche.

Pour masquer leurs origines bourgeoises, son père se fait appeler Pioche de la Vergne, cela sonne mieux et donne des airs de noblesse !

Le malheureux décède alors que Marie Madeleine n’a que 15 ans, le remariage de sa mère avec Renaud René de Sévigné lui permet alors d’acquérir une particule reconnue de tous et de gravir dans l’échelle sociale, expression non connue au 17ème !

Elle épouse enfin le Comte de la Fayette et s’installe Rue de Vaugirard où elle tient salon durant de longues années. Son goût pour la littérature est incontestable, elle écrit et participe à plusieurs essais : Histoire d’Henriette d’Angleterre, histoire de la Princesse de Montpensier, les nouvelles Galantes du 17ème siècle, mais ne signe pas les ouvrages, préférant l’anonymat ou un un nom d’emprunt : Segrais ou Menage.

Pourtant, elle rêve d’un grand roman d’amour passionné.

Mis au courant de son projet, le Duc de la Rochefoucauld la pousse à écrire cette belle histoire et lui promet son assistance. Ils écriront ainsi à 4 mains !

Jean-Marie Besset, auteur de « Duc et Pioche » a imaginé «cette fantaisie historique ». Cet écrivain défend un théâtre historique et l’a démontré́ à maintes reprises avec succès.

Grand amoureux de la langue du 17ème siècle. On se souvient ainsi de l’excellente pièce « Le Banquet d’Auteuil ».

Jean -Marie Besset nous fait partager les rencontres quotidiennes, rue de Vaugirard, tout près du Luxembourg dans le salon de la Comtesse, que son ami et confident surnomme « Pioche ».

Les conversations, effleurent la politique, la France étant dans les année 1660 en pleine Fronde. Madame de la Fayette donne des nouvelles de sa grande amie Madame de Sévigné́ et de sa fille.

Le langage est châtié́, la courtoisie est de mise. La belle langue du 17ème nous apporte un réel moment de bonheur et d’apaisement.

Si la Comtesse de la Fayette n’est pas à proprement parler une femme séduisante. Le Duc est un bel homme, séducteur et auteur de « Réflexions ou Sentences et Maximes morales ».

En fait Duc et Pioche se séduisent mutuellement intellectuellement.

duc et pioche 2

Nous assistons à la naissance du premier roman psychologique : La Princesse de Clèves.

Duc et Pioche ne sont pas toujours d’accord, mais la trame première appartient à la Comtesse, elle souhaite que l’action se passe sous Henri le second, et tient par-dessus tout à une merveilleuse histoire d’amour.

Deux comédiens de talent sur la scène du Théâtre de Poche Montparnasse. Sabine Haudepin qui campe le rôle de Pioche depuis sa création et
François-Eric Gendron dans le personnage de ce Duc séducteur et ami de la Comtesse. La diction de ces 2 comédiens est parfaite.

Quel moment délicieux de se laisser bercer par cette belle langue du 17ème. Cette pièce « Duc et Pioche » est tout en délicatesse, c’est un véritable bijou. Un hymne à l’amitié́ entre une femme et un homme qui se respectent, se réconfortent, s’entraident jusqu’à mettre au monde une œuvre où chacun à sa part de contribution.

Le théâtre de Poche Montparnasse se prête parfaitement à cette pièce intimiste. Si Madame de la Fayette prétend que « son ami le Duc lui a donné́ de l’esprit », nous pourrions lui répondre que l’intimité́ de son salon de la rue de Vaugirard nous a donné́ un vrai moment de bonheur et que nous avons envie de relire très vite « La Princesse de Clèves ».

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