Songe d’une nuit d’été au Théâtre Montmartre Galabru

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Distribution : 

Benoît Durand, Stéphane Martins, Maïté Merlot, Frédéric Moulin, Emilie Ramet, Matthieu Sautel, Mathilde Soler, Véronique Vasseur

A l’affiche : 

Jusqu’au 26 mai 2017

Lieu : 

Théâtre Montmartre Galabru

4, rue de l’Armée d’Orient

75018 PARIS

Comparez les prix : 

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Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV

Le jeu de l’amour et du pouvoir.

 

Nous sommes au théâtre Montmartre-Galabru, afin d’assister à une représentation du « Songe d’une nuit d’été », de William Shakespeare, dans la version que nous en donne actuellement une jeune et nombreuse troupe de comédiens, dynamiques et enjoués, qui nous communiquent assez rapidement leur enthousiasme.

Il n’y a pas de « décors » à proprement parler sur le Plateau, car on devine que les moyens de la production sont certainement assez modestes ; mais notre compréhension des situations successives n’en pâtit nullement, au contraire. La scène se déroule dans une ancienne Athènes imaginaire, quand l’idéal amoureux est aux prises avec les exigences de la réalité ; et les acteurs interprètent plusieurs rôles en changeant habilement de costumes, sous nos yeux, ce qui permet au spectateur non seulement de se représenter rapidement et facilement les lieux successifs où se développe l’intrigue, mais aussi une mise-à-distance favorable à la réflexion. Dans cette production, l’enchantement cède la place à la raison.

 

Une pièce drôle au rythme effréné !

Parmi les nombreux personnages de la distribution, Lysandre et Hermia, Démétrius et Héléna, constituent un quatuor de jeunes gens amoureux qui se poursuivent, se perdent et se retrouvent après s’être trompés sans le vouloir, et qui sont le jouet des facéties maladroites d’un incorrigible et espiègle lutin, Puck, qui est lui-même le serviteur d’Obéron, lequel est épris de Titania, deux puissances supérieures et magiques, elles-mêmes en train de se débattre dans les mêmes tourments que les êtres humains dont elles ont coutume de s’amuser car, dans cette vision shakespearienne, l’amour est très souvent le moyen d’imposer sa volonté à l’autre.

Pourtant, en dépit de leur autorité et de leur position dominante, Obéron et Titania ne sont nullement exemplaires, ce qui nous rappelle que l’amour n’épargne personne et que plus on voudrait le maîtriser, plus il nous échappe et nous possède.

Que l’on soit d’essence divine ou que l’on soit un humain, il s’agit presque toujours de convaincre celui ou celle que l’on aime, de se libérer de celui ou celle qui nous aime et que l’on n’aime pas, de se venger de la déception amoureuse en plongeant l’autre dans des situations ridicules et grotesques, d’éprouver son pouvoir et celui de l’autre sur lui-même et sur soi, de s’offrir, de s’abandonner, d’être jaloux ou de rendre jaloux, de se refuser, de se faire désirer, de se rendre, de conspirer et parfois manipuler ; mais il ne nous faut jamais oublier, quoiqu’elle ne soit pas directement évoquée, même de façon allégorique, que la mort menace toujours.

En parallèle de ces événements oniriques à la frontière de la mythologie, et contrastant très brutalement avec ces derniers, les personnages réels et concrets, pour ne pas dire : un peu terre-à-terre, d’une petite troupe de mauvais comédiens, réquisitionnée pour offrir un divertissant spectacle au soir du mariage du Duc Thésée qui vient de se rendre époux et maître de la reine des Amazones, Hippolyta, termineront la représentation en interprétant une tragédie sanglante de façon très pathétique, comme pour mieux nous mettre en garde et nous édifier : l’amour et la mort sont rarement dissociés.

Heureux sont donc ceux qui parviennent à éviter cette implacable combinaison, probablement parce que, pour le plus grand nombre des êtres humains, la raison reprend finalement le dessus au dernier moment, et que l’institution du mariage remet tout en ordre et chacun à sa place. Ainsi, William Shakespeare révèle-t-il à ceux qui l’ignoraient encore, que le mariage est un épilogue honorable, utile, facile et très pratique à mettre en œuvre, s’agissant de couper court à de très troublants et de très indécents transports, très éloignés, justement, de la mesure, si essentielle à la philosophie des Anciens, auxquels nous ressemblons de moins en moins, ce qui n’est pas toujours à notre avantage, quoiqu’on se réclame toujours plus de leur héritage.

Outre ces considérations philosophiques, le Public ne boude pas son plaisir du fait, notamment, que la mise-en-scène est ingénieuse, car elle permet d’évoquer nombre d’endroits différents, avec le seul procédé des fréquents changements, à vue, des costumes ; ou, encore, du fait que les acteurs interprètent avec virtuosité et une truculence jubilatoire des personnages de composition très convaincants. À cela s’ajoute encore le fait que les acteurs n’hésitent pas à interpeller les spectateurs à plusieurs reprises, permettant à de nombreuses situations d’être directement mises en regard des enjeux cruciaux de notre époque contemporaine ; si bien que l’on se sent immédiatement concerné par les problématiques abordées par William Shakespeare, en son temps car, plus encore que l’amour, le pouvoir et les moyens de sa reproduction constituent peut-être le thème essentiel de cette pièce. Apparemment, son époque est aussi la nôtre ; et son œuvre d’autrefois nous permet aussi de réfléchir sur notre siècle.

Un spectacle à ne pas manquer, qu’il vous faut voir avec votre famille et vos amis, à fortiori si vous êtes sensibles au mystérieux entremêlement du pouvoir et de l’amour car, à l’issue de la représentation, on ne manquera pas de se poser quelques questions fondamentales : est-ce l’amour, qui sert le pouvoir ; ou est-ce le pouvoir, qui sert l’amour ?

3 plusieurs commentaires

  1. Belle pièce de Shakespeare qui est mise à l’honneur par 8 comédiens qui endossent plusieurs rôles avec habileté et justesse. La mise en scène, fluide, allie simplicité et finesse. C’est drôle et bien mené. Vivement recommandé !

  2. Des acteurs impliqués et de nombreuses scènes hilarantes!!

  3. uelle belle soirée ! Mise en scène originale, acteurs talentueux, on est imprégné par l’histoire de bout en bout ! Et pour couronner le tout : on se marre, on se bidonne ! c’est frais, léger comme un songe ! vous sortirez avec la banane ! Sans hésitations aucunes, courez les voir !

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