Réversible au Bataclan

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A l’affiche : 

Jusqu’au 1 avril 2017

Lieu : 

Le Bataclan

50, boulevard Voltaire

75011 PARIS

Comparez les prix : 

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Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV

Tout simplement…

R E N V E R S A N T

 

Ce soir, nous sommes au Bataclan, dont le Plateau accueille un décor qui représente initialement le rez-de-chaussée des façades de maisons longeant une rue – avec ses murs, ses fenêtres, et ses portes qui claquent avec la précision virtuose du théâtre de Georges Feydeau, qu’on ne s’attendait pas à rencontrer en ces circonstances – cette rue représente la rue, toutes les rues du monde, puisque les artistes, lorsqu’ils s’adressent à nous, à l’avant-scène, nous parlent en français avec l’accent du Québec, en espagnol ou encore en anglais.

Nous parlions de virtuosité mais, celle qui est évoquée précédemment, est parfaitement dérisoire au regard de celle du corps de chacun des artistes : mouvementés, malmenés de façon ludique ou encore transformés en objets, les interprètes du spectacle témoignent d’une grande aisance dans l’humour, la légèreté et l’art de faire advenir des situations poétiques, toutes plus imprévisibles les unes que les autres.

Nouvelle création de la compagnie

« Les 7 Doigts de la Main »

 

Plus tard, le mur qu’on voyait au début, se disloque en trois pans, comme pour créer un écho visuel au multilinguisme des interprètes, qui sont, avant tout, de remarquables acrobates – et le Public est conquis par les poses de ces corps tendus qui évoquent, parfois, sans savoir si cela est volontaire ou non, la statuaire d’un Aristide Maillol, telle qu’on peut en admirer nombre d’exemplaires magnifiques aux Tuileries.

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Décalage(s) ?

Parmi les nombreuses références érudites, on notera aussi cet extrait du premier monologue de « La cantatrice chauve », du dramaturge Eugène Ionesco, qui permet de nous faire sourire au sujet d’un quotidien anecdotique et relatif à la routine inévitable du couple et de la famille – dont la vie de tout un chacun est remplie, à un moment ou un autre – mais avant de le détourner, avec humour, dans un improbable dialogue à l’éventail et au fouet, qui évolue jusqu’à nous offrir, ensuite, comme une revue de cabaret, dont les numéros s’enchaînent avec une grande précision chorégraphique, tandis que les éléments du décor – s’éloignant peu à peu du pseudo-réalisme initial – constituent autant d’accessoires perpétuellement mouvants, avantageusement mis à profit par les acrobates, dont les sauts périlleux entre ces éléments, flottants et qui se déplacent de façon apparemment aléatoire sur le Plateau, peuvent constituer une excellente métaphore de l’absurdité de notre société contemporaine – dont, le plus souvent, les tenants et les aboutissants nous échappent – et nous permettent aussi de nous interroger sur les rapports entre l’individu et le groupe.

Décors, musique, performances et poésie.

De vrais artistes !

 

D‘autres numéros de virtuosité s’ensuivent alors, détournant, sans filet, la plupart des agrès du cirque traditionnel, et ne laissent pas de nous surprendre : cerceau aérien, jonglage seul et à plusieurs, et avec des objets pas toujours conventionnels, mais qui offrent le prétexte à de nouvelles chorégraphies déjantées – notamment quand la rue, figurée par les éléments du décor, donne à la Scène des airs de bordel, et nous rappelle la solitude des individus – mât chinois, corde aérienne, tissus aérien, balançoire ou, encore, roue allemande qui nous rappelle nos sensations d’enfermement et l’impression récurrente que notre existence tourne parfois en rond – mais nous fait surtout remarquer que l’homme qui tourne en rond, dans les deux cercles qui roulent en entraînant son corps au milieu d’eux, semble aussi s’envoler – si on voulait provoquer, on dirait que la roue allemande nous offre, en trois dimensions, une version contemporaine et sportive de « L’homme de Vitruve », tel que l’a représenté Léonard de Vinci, avec son célèbre dessin. Ce sont autant d’étapes qui nous racontent, quoique de manière décalée, la vie d’un homme, né en 1930 et disparu en 2014, qui pourrait être notre père ou notre grand-père, c’est à dire : nous, quand ceux qui nous succéderont, parlerons de nous.

Ultime cerise sur un gâteau dont on voudrait bien pouvoir reprendre une part, cette jeune femme, en robe de mariée, prise d’un fou rire à en mourir – et qui nous semble comme noyée dans les conventions qui nous rendent fous, dans lesquelles nous ne cessons de nous débattre, afin de nous en affranchir, avec plus ou moins de succès – avant la très belle image paradisiaque de la fin : quand on ressort du théâtre, on marche sur un nuage.

Extrait vidéo :

3 plusieurs commentaires

  1. Nous étions avec notre fils de 9 ans et nous avons été tous trois émerveillés C’est beau, drôle , original, esthétique Ils viennent de l’école de cirque de Montréal , une très grande Ecole et ils dépassent le cirque, ils dansent, c’est vraiment moderne!!! Waouhhhhhhh

  2. Comme à chaque fois, la compagnie Les 7 doigts de la main nous offre un spectacle magnifique.

  3. Un ballet incessant de scènes qui se succèdent dans une joie pétillante et pleine de douceur. Je suis resté bouche-bée, avec souvent des émotions qui se bousculaient en voyant tant de vie sur scène ce qui me remémorait les atrocités passées. Ce qui a permis également de faire ma résilience. Alors, un grand MERCI et encore. Bons becs.

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