L’Occupation au Théâtre de l’Oeuvre

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Artistes : 

Romane Bohnringer et  Christophe « Disco » Minck

A l’affiche :

Jusqu’au 2 décembre 2018

Lieu :

Théâtre de l’Oeuvre

55, rue de Clichy

75009 PARIS

Réservation en ligne
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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une très belle prestation

 

Avec la pièce d’Annie Ernaux : l’Occupation, nous sommes entraînés dans la tourmente obsessionnelle de la jalousie.

Romane Bohringer interprète cette professeure de lettres, 
la petite quarantaine, venant de rompre avec W, l’homme qui partageait sa vie depuis six ans.

Elle est à l’origine de cette rupture.
Le quotidien devenant sans doute un peu trop répétitif. 
Les premiers temps suivant la séparation, tout se passe bien entre eux
Chacun vit de son côté, ils continuent épisodiquement leurs relations érotico –amoureuses, jusqu’au jour où W lui apprend qu’il vient de s’installer chez sa maîtresse, avenue Rapp, une professeure de 50 ans, mère d’une fille de 16 ans.

Commence alors ce long monologue écrit par Annie Ernaux.
Les textes de cette auteure sont la plupart du temps autobiographiques et l’écriture est toujours emplie d’une grande sensualité, d’érotisme.

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Ainsi, dès que cette femme va savoir que W en aime une autre, 
professeure comme elle ! Mais beaucoup plus âgée !!
Sa vie va basculer.
La présence de cette dernière va l’envahir totalement et prendre possession de tout son être. W refuse de révéler son nom, et se montre très discret sur sa nouvelle compagne. Cet excès de discrétion lui est insupportable

Sa rivale l’habite jour et nuit.
Elle souffre de tout son corps comme si elle était maraboutée.
Elle est occupée par cette dernière.
Son existence est alors un véritable cauchemar, elle devient le squat d’une femme qu’elle n’a en fait jamais vue !!!!!
Elle entre alors dans une sorte de démence, s’interdisant certains quartiers et se livrant à de véritables enquêtes pour connaître son identité. La jalousie la ronge viscéralement, sa présence l’habite comme une entité maléfique.
En fait, son orgueil de femme a été blessé. 
C’est une femme possessive meurtrie.
Elle avait pourtant décidé de rompre, mais ne supporte pas d’être remplacée dans le cœur de W.

Dès lors la passion charnelle qu’elle a vécue avec W revient comme aux premiers jours, 
elle veut le récupérer, et les souvenirs de la jouissance sexuelle avec W la mettent dans un état de manque
Romane Bohringer vit intensément cette possession obsessionnelle. Elle hurle de douleur, crie sa souffrance, ne tient pas en place, le rôle est très physique.
Les mots sont crus et vulgaires. Nous partageons l’intimité érotique de cette femme qui sombre peu à peu dans une sorte de folie.

La mise en scène de Pierre Pradinas est remarquable. En fond de scène des vidéos défilent et la pièce est rythmée par le jeu de lumières et d’ombres et musicalement, grâce au talent de Christophe  »disco » Minck, au synthé ou à l’harpe .
Lumières et sonorités instrumentales accentuent les émotions, certains sons vibratoires nous aspirent dans les tourments de cette jalousie obsessionnelle.

Romane Bohringer, excellente comédienne, campe avec une grande sincérité ce personnage tourmenté par les affres de la jalousie, de la possession, perdant peu à peu pied et sa dignité. Va-t-elle sombrer dans la folie ?

Cette présence ininterrompue de l’autre va-t-elle cesser ? A-t-elle besoin d’un exorciste pour sortir de cet état ?

L »Occupation  »fait écho à nos émotions les plus intimes, nous bouscule et nous interpelle vraiment.

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