Journal d’une femme de chambre
au Théâtre le Funambule Montmartre

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Artiste : 

Catherine Artigala

A l’affiche :

Jusqu’au 1 juillet 2018

Lieu :

Théâtre le Funambule Montmartre

53, rue des Saules

75018 PARIS

Réservation en ligne
Réservation en ligne
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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Sobre, juste et captivant !

 

Luis Bunuel et plus récemment Benoit Jacquot ont réalisé au cinéma l’adaptation du roman le  »Journal d’une femme de chambre ».

Michel Monnereau a quant à lui adapter pour le théâtre, le livre à succès d’Octave Mirbeau paru au début des années 1900.

L’excellente comédienne, Catherine Artigala, seule en scène joue le rôle de Célestine, prénom au combien prédestiné à l’époque du monde domestique du 19ème siècle.
Avec un talent incontestable, elle se met tour à tour dans la peau de ses ex-patrons et patronnes et les fait parler avec un ton sarcastique et parfaitement authentique.
Ce jeu de rôle est manifestement réussi, la voix chaude de Catherine Artigala nous tient en haleine.
Célestine est une fine observatrice, elle sait percer à jour chez chacun et chacune de ses employeurs, leurs petits et grands travers, leurs manies, leurs déviances…

Tableau brossé au vitriol de la bourgeoisie du 19ème.

Le langage très imagé est celui d’une fille du peuple pas toujours farouche avec certains patrons bourgeois  »en manque ». Célestine connaît la vie, on peut dire qu’elle a roulé sa bosse.

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Elle a dû résister aux maniaques fétichistes, céder à la concupiscence de certains patrons, supporter les refoulements de certaines patronnes aigries… La liste est longue.

On ne renie pas ses origines aussi conserve t-elle sa gouaille, sorte de marque de fabrique ! Catherine Artigala est incroyablement expressive, drôle, émotivee et attachante.

Après avoir occupé une multitude de places de femme de chambre à Paris, elle débarque en Normandie, plus proche de sa Bretagne natale, 
espérant que sa vie sera plus douce en province …..!!!!

Mais ce couple de bourgeois normands est une réplique des autres bourgeois parisiens.

Madame est avare et bigote et se refuse trop souvent à Monsieur ayant un fort appétit sexuel ! Dans toutes ces familles bourgeoises et catholiques, Célestine doit souvent satisfaire aux avances de ses maîtres, ceci semble faire aussi partie du contrat !!

Ainsi, malgré des appointements médiocres, des conditions de vie difficiles, Célestine dépeint très bien la proximité qui s’instaure avec ses  » bourgeoises  »du fait des soins physiques qu’elle
leur. Prodigue une certaine intimité existe momentanément et elle recueille ainsi des confidences tel un confesseur !

La mise en scène de Jean Pierre Hané a su mettre en lumière les conditions domestiques intolérables de la Belle Epoque.
Microcosme bourgeois :
 La cuisine réservée aux petits gens.

La petite chambre en soupente sans confort, ni chauffage pour le petit personnel. Le salon, entre des patrons bourgeois, rassurés par l’argenterie étincelante, signe de leur réussite sociale !

Le texte écrit par Octave Mirbeau est un roman social, 
moins noir que du Zola, mais cette pièce n’en demeure pas moins une satire des meurs de la bourgeoisie des années1900, exploitant sans scrupule le personnel dit à leur service !

Dans la seconde partie de la pièce, le caractère de Célestine apparaît beaucoup plus complexe, le personnage devient plus noir, elle perd sa jovialité. Dans la cuisine, lieu réservé au personnel, nous découvrons que les propos échangés sont politiquement incorrects, l’insurrection de la masse laborieuse est éminente.

Célestine bonne fille provinciale peu farouche, mais honnête, se laisse séduire peu à peu par Joseph, jardinier-cocher : Fort en gueule mais dépourvu de tout sens moral.

Hypocrite, voleur, pédophile et criminel !!!
 »C’est drôle, j’ai toujours eu un faible pour les canailles, ils ont un imprévu qui fouette le sang ».

Cette fille simple qui devrait être servante jusqu’à la fin de ses jours commence à rêver à des jours plus chantants.
Célestine transgresse les principes de la bonne éducation, de la moralité.
Elle veut elle aussi appartenir à la classe possédante, elle a droit à sa revanche.

Fini les humiliations en tout genre, la soumission.
La mise en scène fait l’écho des envolées lyriques des partis populistes de l’époque, de l’anti sémitisme, de l’affaire Dreyfus et de la France pour ou contre .

Une fois encore, nous constatons avec un goût amer que le monde ne change pas vraiment et que les partis politiques populistes ont encore malheureusement de beaux jours !

3 plusieurs commentaires

  1. Merveilleusement jouée par Catherine Artigala, que d’émotions, Catherine Atigala est habitée par Célestine mais aussi par les quelques personnages qu’elle interprète.

  2. Catherine Artigala est juste formidable. Captivante. Allez la découvrir les yeux fermés 😉

  3. Suis allé la semaine dernière et j’ai passé une heure avec une comédienne formidable. Sobriété et justesse du jeu, simplicité de la mise en scène. Le texte est roi et la comédienne se déploie. Bel ouvrage ! Et qui en plus, se prolonge pour ceux et celle qui l’aurait ratés !

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