Chagrin pour soi au Théâtre la Bruyère

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Artistes : 

Sophie Forte, William Mesguich ou Pierre-Jean Cherer, Tchavdar Pentchev

A l’affiche :

Jusqu’au 26 mai 2018

Lieu :

Théâtre la Bruyère

5, rue la Bruyère

75009 PARIS

Réservation en ligne
Réservation en ligne
Photo : Karine Letellier
Photo : Karine Letellier

Par Nathaly pour Carré Or TV

On peut rire de tout,

même d’un gros chagrin d’amour

 

Un proverbe malgache dit : «  Le chagrin est comme le riz dans le grenier : chaque jour il diminue un peu ».

En pleine nuit, Pauline est soudainement quittée par Alexandre le père de ses deux enfants, celui qu’elle aime depuis quinze ans, sans autre explication ou justification qu’un : « Tu veux savoir vraiment ? ». Alexandre est tombé fou amoureux d’une autre femme.

Alexandre part. Remplacé immédiatement par un autre homme, qui frappe à la porte de Pauline, avec pour seul bagage une petite mallette métallique :

Je suis votre chagrin,

un chagrin de force 4 !

Photo : Karine Letellier

Un homme qui part, c’est presque obligatoirement un chagrin qui s’installe. Ce chagrin là a un visage et un corps qui élisent domicile chez Pauline. Il restera à ses côtés, l’accompagnant dans tous les stades de sa solitude.

Il y a monsieur chagrin mais il y a aussi tous les autres sentiments ou personnages rattachés à la rupture amoureuse qui, tour à tour, frapperont à sa porte : la colère, l’espoir, le peur, la folie…

Il y a aussi toutes les thérapies prétendument miraculeuses, planches de salut pour celle qui a été quittée, trompée : la méditation, les antidépresseurs, les amis dont on fait rapidement le tri, les enfants auxquels on se raccroche, les tisanes, les gourous…

Pauline qui réapprendra peu à peu à vivre, à ne plus souffrir et à ne plus avoir besoin de la compagnie de Monsieur Chagrin.

La nouvelle comédie

qui fait exploser de rire les chagrins d’amour

 

Quel bonheur de découvrir cette nouvelle pièce, aussi intelligente qu’elle est drôle.

Sophie Forte est Pauline, la femme larguée. Pétillante, émouvante, elle emplit la scène en prenant à bras le corps son chagrin d’amour, en le tordant dans tous les sens, en se couchant dessus, en se mouchant dedans. Sophie Forte trouve dans « Chagrin pour soi » (qu’elle a coécrit) le rôle dont toute actrice rêve mais qu’elle est peut-être finalement la seule à pouvoir rendre aussi vrai.

Tchavdar Pentchev est le Chagrin. Bulgare d’origine. Il est vraisemblablement la révélation de cette pièce, puisque encore presque inconnu du grand public. Aussi subtil qu’il est drôle, se pliant, dansant, écrasant Sophie Forte de tout le poids d’un vrai chagrin d’amour, il est captivant.

William Mesguich est Alexandre le mari qui part, mais il est aussi tout un éventail d’autres personnages : les filles adolescentes de Pauline, le coiffeur qui la relooke, un médecin généraliste, un cuisinier de Thaïlande, un slave rencontré en boîte de nuit…William Mesguich qui il y a quelques semaines encore jouait dans « Le dernier jour d’un condamné » de Victor Hugo au studio Hébertot et qui devient dans ce « Chagrin pour soi » un pur acteur de comédie, drôlissime et épatant d’espièglerie. Quel bonheur de le voir ainsi se lâcher et développer, non sans gourmandise, toute la palette des ses talents.

Virginie Lemoine qui a écrit « Chagrin pour soi » avec sa complice Sophie Forte, en signe également la mise en scène, sobre et ingénieuse. On retrouve son rythme teinté de douceur déjà remarquable dans l’excellente comédie musicale « 31 ».

Les décors, parfaits, sont de Grégoire Lemoine. Ils sont comme un puzzle dans lequel tous les moments du chagrin d’amour s’emboîtent et se succèdent.

« Chagrin pour soi » est indéniablement une des meilleures comédies théâtrales de cette rentrée 2017. Même si cela nous renvoie à un thème aussi universel que triste : la rupture amoureuse.

Cette nouvelle pièce est tout autant originale que captivante ou hilarante.

Un pur bonheur. Au Théâtre la Bruyère.

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