1988 Le débat, Mitterrand-Chirac au Théâtre de l’Atelier

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Distribution :

Jacques Weber, François Morel et Magali Rosenzweig

A l’affiche : 

Jusqu’au 7 mai 2017

Lieu : 

Théâtre de l’Atelier

1, place Charles Dullin

75018 PARIS

Infos et réservations : 

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Par Nathaly pour Carré Or TV

Les élections présidentielles se

suivent mais ne se ressemblent pas.

 

L’élection présidentielle de 1988 faisait suite à deux années de cohabitation entre François Mitterrand, Président de la République, et Jacques Chirac nommé Premier Ministre à l’issue de la victoire de la droite aux élections législatives de Mars 1986.

François Mitterrand (candidat du P.S) et Jacques Chirac (candidat du R.P.R)  tous deux arrivés en tête à l’issue du premier tour, s’affrontèrent lors d’un débat télévisé retransmis le 28 Avril 1988 et présenté par Michèle Cotta et Elie Vannier.

« Ne nous trompons pas

de République ».

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La table du plateau télévisé est rouge, les acteurs font les 100 pas au fond de la scène, récréant ainsi l’ébullition d’avant débat, dans ce qui était alors le studio 101 de la Maison de la Radio.

Jacques Weber est François Mitterrand et François Morel est Jacques Chirac.

Magali Rosenzweig est Michèle Cotta.

« Ce soir, je  ne suis pas le Premier Ministre

et vous n’êtes pas le Président de la République ! »

 

Nous assistons aux escarmouches entre deux monstres politiques :

Jacques Chirac qui insiste sur la durée d’un septennat (incompatible avec l’âge avancé du Président ?), puis qui accuse François Mitterrand d’être seul responsable de la montée de la criminalité.

François Mitterrand raillant Jacques Chirac : « Vous voulez éviter la passé lorsqu’il est lourd », « Ou bien c’est bon et il faut le faire, ou bien c’est mauvais et il faut s’en défaire ».

Tout au long de ce débat, François Mitterrand appelle Jacques Chirac « Monsieur le Premier Ministre », alors que Jacques Chirac refuse de lui donner du « Monsieur le Président » et ne fera que l’appeler « Monsieur Mitterrand ».

Un Mitterrand qui prend progressivement de l’ascendant sur son Premier Ministre, en refusant de l’appeler par son  nom de famille,  en tournant la tête lors des prises de parole de Jacques Chirac, en l’obligeant  à se lever et à faire le tour de la table pour lui rendre son stylo oublié.

C’est très souvent drôle, par exemple quand François Mitterrand dit à Jacques Chirac d’un air malicieusement dubitatif : « Je vous ai observé pendant 2 ans… », ou qu’il l’accuse de laxisme dans sa manière de gouverner : « Ces 2 informations ne me sont pas parvenues ».

Egalement quand Jacques Chirac, qui n’est pas en reste cantonne un : « Si d’aventure vous étiez réélu… », ou qu’il insinue un « Nous venons d’avoir droit à un cours de fiscalité fiction », mais aussi quand Jacques Chirac part dans une grande tirade au sujet du taux de TVA sur les cassettes vidéo et sur l’alimentation pour chats et chiens.

Il sera souvent question du Général de Gaulle, de l’immigration, de l’insécurité, du contrôle des médias par le Pouvoir, de savoir avec quelle majorité gouverner, de la situation en Nouvelle Calédonie, de l’Europe, du droit de vote des Etrangers…

Il y aura aussi des constats amers : « Nous avons tous échoué dans notre manière d’aborder le chômage » (François Mitterrand).

Sans oublier l’inoubliable moment de tension entre les deux hommes quand Jacques Chirac lui intime : « Est-ce que vous pouvez dire, en me regardant dans les yeux, que je vous ai dit que nous avions les preuves que Gordji était coupable ? […] Pouvez-vous vraiment contester ma version des choses en me regardant dans les yeux ? », et que François Mitterrand imperturbable (et mentant) lui rétorque « Dans les yeux, je la conteste ».

Deux acteurs flamboyants

pour ce show politique d’une autre époque.

 

Les deux acteurs ne singent pas ou ne tentent pas de minutieusement imiter les accents ou les mimiques de ces deux politiques. Ils se sont emplis de leur énergie, ils sont émotionnellement et en toute intériorité devenus François Mitterrand ou Jacques Chirac.

Jacques Weber est majestueusement brillant face à un François Morel tout aussi épatant dans sa manière de traduire l’embarras d’un Jacques Chirac souvent dépassé et écrasé par l’évidente suprématie de François Mitterrand.

Magali Rosenzweig campe avec talent cette  journaliste (Michèle Cotta)  prise en sandwich entre les joutes verbales des deux adversaires politiques.

Ils quittent tous trois la scène sous des tonnerres d’applaudissements, beaucoup de journalistes, de comédiens et de politiques sont parmi les nombreux spectateurs enthousiastes.

Qu’on soit de gauche, de droite, du centre ou même complètement apolitiques,  il est impossible d’assister à cette pièce sans ressentir une immense et incontrôlable nostalgie.

« 1988, le débat Chirac-Mitterrand » se joue encore pour 5 représentations, à un moment clé de notre pays où beaucoup de gens ont besoin de se réconcilier avec la politique.

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