Paroles d’étoiles au Théâtre La Manufacture des Abbesses

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Distribution : 

Armelle Lecoeur

A l’affiche : 

Jusqu’au 3 juin 2017

Lieu : 

Manufacture des Abbesses

7, rue Véron

75018 PARIS

Comparez les prix : 

Armelle Lecoeur joue dans une piece de theatre Paroles d'etoiles

Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV

N’acceptons pas d’oublier !

 

A la Manufacture des Abbesses, on se rassemble pour écouter, plus de soixante-dix ans après les faits tragiques, et longtemps réduite au silence, la parole de ceux qui furent des enfants, durant la Seconde Guerre Mondiale, et qui subirent de plein fouet l’antisémitisme, en France, car ils étaient juifs, persécutés parmi des milliers d’autres êtres humains, qui ont souffert l’impensable pour des raisons qui n’en sont pas.

Les textes, qui constituent, ici, la matière première, édifiante, de cet objet théâtral, sont issus du recueil de témoignages constitué par l’écrivain français et directeur d’éditions Jean-Pierre Guéno, « Paroles d’étoiles. Mémoires d’enfants cachés, 1939-1945 », paru aux Éditions Librio, à Paris, en 2002, dont la lecture prolongera utilement la représentation.

Le choix de textes que nous écoutons, ici, est porté, avec générosité, simplicité et grâce, par la comédienne Armelle Lecœur, seule en Scène, qui évoque son besoin et son envie de raconter, de transmettre « ces histoires d’enfants injustement séparés de leurs proches par la guerre et la folie des hommes, simplement parce qu’ils étaient juifs. »

La candeur, l’innocence, la fragilité, mais aussi la maturité et la force sont autant de traits de caractère, parmi d’autres, de ces enfants au courage admirable, qui se trouvent ainsi révélés dans cette situation tragique. Il y a ce chiffre, qu’on ne peut croire : la Shoah a exterminé quatre-vingt-dix pour cent des enfants juifs (moins de quatorze ans) d’Europe. Neuf sur dix. Ils n’étaient plus que cent-vingt mille après la guerre, pour la plupart en France et en Belgique où ils furent mis à l’abri (quatre-vingt-cinq pour cent de survivants en France) ; mais, dans certaines régions d’Europe, il n’y avait plus un seul enfant vivant. (D’après : « L’enfance, cible de la Shoah », un article d’Édouard Launet, paru le seize septembre 2009 dans Libération.)

Evidemment, nous n’écoutons, ici, qu’une partie des témoignages de ceux des enfants juifs, français, qui n’ont pas péri durant cette indigne période de l’humanité ; car la majorité d’entre eux ne sont pas revenus des camps d’extermination, et n’ont pas eu, non plus, le droit à la parole, mais seulement à la stigmatisation d’une étoile en tissus : le plus souvent, l’horreur emménage à pas de loup dans la société des humains, si bien qu’ils en oublient de se méfier ou, pire : qu’ils apprennent à s’en accommoder, car on s’habitue à tout, à fortiori quand on ne fait pas partie de ceux qui sont stigmatisés en premier.

Comme dit Alexandre Oppecini, le metteur-en-scène du spectacle, « ces témoignages sont d’une grande force et cependant aucun pathos. Ils nous livrent les faits avec humilité afin de nous transmettre, avec la plus grande justesse possible, les détails de leurs souvenirs. L’histoire prend alors une dimension universelle. Au-delà du religieux, elle lève le voile sur ce qui nous rassemble tous dans nos différences : la peur, le manque, l’amour, le courage, l’espoir ; c’est à dire, l’humain. »

Il faut aller voir ce spectacle, et y emmener la jeunesse, car notre siècle est rempli de personnes qui pensent ou font semblant de penser que certains événements n’ont jamais eu lieu, ou ne sont pas le fait des gens d’ici, et qu’on noircit trop souvent le tableau du totalitarisme. Ce spectacle est essentiel, en ce qu’il nous permet de comprendre à quel point notre siècle, notamment occidental, si imbu de sa soi-disant supériorité humaniste, a des affinités avec la période de la mort industrialisée, notamment car le préalable à l’extermination, c’est l’exclusion.

Avant de tuer, on ostracise, on rejette ; et il y a, dans la foule, une sorte d’acceptation lente.

3 plusieurs commentaires

  1. Une formidable mise en scène et une magnifique interprétation. Tout en subtilités et en nuances, sans jamais être larmoiement. On se laisse complètement emporter par l’univers. Un grand Bravo! Je la recommande à tout le monde!!!

  2. C’est un très beau spectacle, nécessaire et émouvant (je n’ai pas pu retenir mes larmes). La mise en scène aux lumières feutrées participe à la confidence. Les témoignages que joue la comédienne avec émotion, font malheureusement partie de l’Histoire de France et même si ce n’est pas notre histoire personnelle, l’enfant que nous avons tous été peut se retrouver en eux.

  3. Spectacle sensible et intelligent. Très belle mise scène et interprétation émouvante. A voir car hélas toujours d’actualité.

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