Françoise par Sagan au Théâtre du Marais

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Distribution :

Caroline Loeb

A l’affiche : 

Jusqu’au 31 mars 2017

Lieu : 

Théâtre du Marais

37, rue Volta

75003 PARIS

Comparez les prix : 

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Par Ingmar Bergman pour Carré Or TV

Adieu tristesse, Bonjour Sagan !

Connaissez-vous Françoise Sagan ?

 

Tout le monde connaît ce nom, au moins en France ; et, parmi les ouvrages qui constituent sa nombreuse production romanesque, tout le monde se souvient au moins du titre de son œuvre la plus célèbre – celle qui l’a fait connaître au monde – qu’il s’agisse du cénacle littéraire de Saint-Germain-des-Prés aussi bien que d’un très large public : « Bonjour tristesse » – son premier roman, publié en 1954, alors qu’elle n’avait que dix-huit ans, et qui fut immédiatement récompensé du Prix des Critiques.

Peut-être êtes-vous de ceux pour qui ce petit descriptif d’une femme écrivant, avec indépendance, durant le second vingtième siècle, résume déjà l’ensemble des connaissances que vous avez à son sujet ?

Vous ne seriez pas les seuls ; la plupart des auteurs desquels la France s’honore d’être le berceau, constitue un chapelet de noms, que l’on égraine en société, mais dont on est souvent bien en peine de parler autrement que de manière superficielle.

A son corps défendant et pour le malheur de notre société, Françoise Sagan n’échappe pas à cette règle de l’à peu-près, qui nourrit l’entre-soi complaisant de certains milieux.

Dans la tradition d’un Marcel Proust qui aurait connu les Trente Glorieuses – cet auteur qui n’a cessé de l’inspirer et dont elle se revendique – Françoise Sagan n’est-elle pas, justement, de ceux qui se moquent ouvertement de la mesquinerie des conversations mondaines et de ceux qui ne sont jamais dupes des discours de salons – qui réduisent le politique aux simagrées politiciennes, tandis que nombre de personnalités influentes ne se préoccupent que du calcul de leur intérêt individuel et immédiat ?

En période d’élections nationales, on ne peut qu’être sensible à cette manière de ne pas confondre l’enthousiasme avec l’emballement collectif et, surtout, à cette manière de ne jamais se départir de son sens de la réflexion et de l’analyse – à cet égard, Françoise Sagan, qui ne cesse d’aiguiser son regard sur la société qui l’entoure, nous paraît exemplaire – tant dans ce que l’on découvre d’elle dans son œuvre romanesque, que dans les propos incarnés par l’actrice Caroline Loeb, mise-en-scène par Alex Lutz, et actuellement au Théâtre du Marais, qui convoquent, pour nous, la personnalité de Françoise Sagan d’une manière tout à fait convaincante.

Rien de « spectaculaire » dans ce spectacle sur une femme qui devait avoir pour règle d’aller à l’essentiel en évitant les circonvolutions : le plateau minuscule est presque nu, occupé seulement par deux éléments de décor assez sobres, mis en évidence par des lumières crues, et se détachant violemment de la pénombre alentour. Une femme est au plateau, s’adressant directement au Public, si proche d’elle – exactement comme si elle répondait aux questions d’un journaliste, qui se serait rendu chez elle, en vue d’un entretien.

Cette femme se livre à nous sans fards, décrivant l’anecdotique contenu par le grand, et aussi le grand contenu par le dérisoire apparemment insignifiant – ce qui caractérise peut-être la singularité de son art et qui offre au Public une excellente entrée en matière pour aborder ses écrits – que l’on soit de ceux qui ne les ont plus côtoyés depuis le temps de l’université, ou que l’on soit totalement novice à leur endroit.

En effet, on ne peut pas imaginer meilleure introduction, pour un adolescent avide de littérature contemporaine, que ce spectacle, afin d’entrer, ensuite et de plein pied, dans la pensée de Françoise Sagan – même si, que l’on se rassure, ce moment de théâtre n’est absolument pas réservé aux érudits : le simple fait d’être humain et de vivre en société, suffit à nous intéresser aux thématiques abordées : l’amour, la mort, la maladie, la vieillesse, l’accident, la famille, l’enfance, la solitude, la bourgeoisie, la convention sociale, le rire et les larmes, et ainsi de suite – constituent autant de réalités qui nous affectent tous, aux différents degrés de notre existence !

La salle est pleine et le Public est enthousiaste.

 

En rentrant chez soi, on se demandera malicieusement, et avec un peu de provocation, si l’amour n’est pas une maladie, si la famille n’est pas un accident ou, encore, si la solitude n’est pas une forme de vieillesse – ou l’inverse : les combinaisons nombreuses et variées de tels sujets de prédilection, offrent la matière à bien des moments d’introspection – quoique toujours sereinement : car nous avançons à la suite de Françoise Sagan, une force tranquille à la française mais qui n’a jamais perdu le sens de la mesure – comme ce spectacle et le petit théâtre qui l’accueille en ce moment.

Nous parlions « d’indépendance » : un siècle après Georges Sand, Françoise Sagan commence à écrire à une époque où les jeunes femmes qui embrassent la carrière littéraire, choisissent encore d’adopter un pseudonyme masculin – pour tous ceux qui hésiteraient encore à s’y rendre, outre la parole d’un auteur, le spectacle « Françoise par Sagan » est aussi l’occasion d’entendre la voix d’une femme – car, en dépit des insinuations contemporaines, les chantiers du féminisme ont encore toute leur raison d’être.

Attention, aller voir « Françoise par Sagan » donne irrésistiblement envie de se remettre à lire et d’observer le monde…

Extrait vidéo :

3 plusieurs commentaires

  1. Caroline Loeb est parfaite en Sagan. On prend plaisir à écouter leurs voix se confondre, nous bercer de mots impeccablement choisis et prononcés.

  2. J’avais déjà adoré George Sand, Caroline Loeb est top en Sagan. Une véritable réincarnation à s’y méprendre ! Allez-y sans hésitation, c’est aux petits oignons !

  3. Texte drôle, tendre, touchant dévoilant formidable femme. À voir absolument. Caroline Loeb est impressionnante. Bravo

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