Le Bal au Théâtre Rive Gauche

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Distribution :

Lucie Barret, Brigitte Faure, Serge Noel, Françoise Miquelis, Pascal Vannson

A l’affiche : 

Jusqu’au 6 mai 2017

Lieu : 

Théâtre Rive Gauche

6, rue de la Gaité

75014 PARIS

Comparez les prix : 

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Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV

Une comédie très enlevée

 

L‘inconfort de notre siècle.

Ce soir, nous sommes allés assister à la représentation de la pièce « Le bal », d’après le roman éponyme d’Irène Némirovsky, écrit en français et paru en 1930.

Une production à l’esthétique conventionnelle mais soignée, et emportée avec brio, nous permet actuellement de découvrir ou redécouvrir une partie de l’œuvre d’Irène Némirovsky, une femme auteur à l’époque où la plume est presque encore exclusivement l’apanage des hommes, qui n’est ni russe, ni ukrainienne, ni française, autrement dit : qui n’est personne, à l’époque où le nationalisme ne sert qu’à exclure mais qui, pour son malheur et celui des siens, est juive, ce qui précipita sa fin de la manière la plus tragique, en 1942.

Cette femme qui n’était chez elle nulle part est, par conséquent, partout comme une observatrice du monde, et nous parle notamment du désamour entre une fille et sa mère, jalouse de sa fille, de l’absurdité des principes éducatifs, de la tyrannie des conventions, mais aussi de la mésentente des parents car le mariage, à fortiori s’il est bourgeois, est un contrat pour tenter de s’établir socialement, dans un monde où, même s’il est possible à chacun de viser les étoiles, on ne parvient jamais très haut et où la seule certitude qu’on puisse avoir, est qu’on n’est jamais vraiment arrivé nulle part.

La légende prétend que la chute est plus dure si l’on tombe de plus haut ; mais, avec « Le bal », Irène Némirovsky nous apprend justement que la déchéance est, potentiellement, l’apanage de tous, et que l’humiliation n’est pas proportionnelle à la taille des diamants que l’on perd.

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Ainsi, on peut déchoir à tous les niveaux de la hiérarchie sociale. Dans « Le bal », nous observons un microcosme de petits bourgeois pathétiques, mesquins, égoïstes, envieux, revanchards et peureux, enrichis subitement, et qui sont une caricature d’eux-mêmes et de ceux auxquels ils prétendent appartenir.

La jeune fille est interprétée par Lucie Barret, son acariâtre marâtre par Brigitte Faure, épouse d’un couard jaloux de sa tranquillité, interprété par Serge Noël. La vieille fille donnant des cours de piano et le majordome virevoltant sont, respectivement, interprétés par Françoise Miquelis et Pascal Vannson ; et constituent, avec virtuosité, autant de personnages archêtypaux qui nous évoquent irrésistiblement un petit théâtre de marionnettes, ce qui nous rappelle, au passage, la jeunesse et la fraîcheur de son auteur, lors de son arrivée en France, peu après la Révolution Russe de 1917.

La société des parvenus nous fait bien rire, dans le regard et sous la plume d’Irène Némirovsky ; mais qu’on ne s’y trompe pas : si la mode vestimentaire et les décors intérieurs ont effectivement évolué, depuis les années vingt du vingtième siècle, on ne doit pas oublier que chaque époque engendre son lot de parvenus et autres prétentieux, et qu’avant d’avoir seulement le temps de comprendre ce qui nous arrive, on en est devenu un, comme les autres.

Savoureux mélange de cruauté et de drôlerie 

 

Irène Némirovsky n’était pas « française » au regard de la Loi ; mais elle nous parle de la France avec un regard que nos compatriotes pourraient lui envier et, plus largement, de la société occidentale, si imbue de sa supériorité auto-proclamée. En sortant du théâtre, on ira se procurer « Suite Française », publiée en 2004, de façon posthume, ce qui nous permettra de lire, avec avantage, l’œuvre d’une femme auteur qui en sait long sur nous.

Par ailleurs, à notre époque qui œuvre à élever l’exclusion au rang des beaux-arts, rappelons-nous aussi qu’un passeport ne fait pas tout, et qu’on peut être à la fois russe, ukrainien, français et juif – et ainsi de suite : puisqu’il est communément admis que l’argent n’a pas d’odeur, pourquoi devrions-nous continuer d’accepter que l’esprit humain soit entravé par des mécanismes délétères ?

Certains lieux comme le théâtre et, particulièrement, celui qu’inspire Irène Némirovsky, porté, ici, avec élégance et humour par l’équipe réunie, autour d’elles, par les metteuses-en-scène Virginie Lemoine et Marie Chevalot, constituent une excellente fenêtre, ouverte sur la société dans laquelle nous vivons. On va voir « Le bal » parce qu’on a tous une famille à préserver, et des idées de grandeur que l’on confond trop souvent avec de l’ambition.

3 plusieurs commentaires

  1. Un très beau texte, un peu désuet.Nostalgique et plein d’humour. Une belle satire sociale. Des comédiens époustouflants. Tous. Sans exception. Un vrai régal. Un bel hommage à I.Némirowsky. Un très beau théâtre.

  2. Très fidèle au livre que j’ai tout à fait retrouvé Tous les acteurs sont très très très bons Merci pour ce très bon moment.

  3. j’ai beaucoup aimé cette histoire les acteurs sont fabuleux

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